Les mutations du commerce et de la consommation : exemple des magasins du Gagne-Petit à Alençon
- Période(s) : De 1815 à 1914 , De 1914 à nos jours
L’âge industriel voit émerger de nouvelles formes de consommation, portées à la fois par l’essor de la production en grande quantité, le développement du réseau ferré, la croissance de la population urbaine et l’affirmation de la bourgeoisie et des classes moyennes. La naissance des grands magasins constitue bien évidemment l’aspect le plus évident de ces transformations.
Les premiers établissements de ce type ouvrent à Paris dans les années 1820 mais leur véritable essor a lieu sous le Second Empire. En 1852, le Bellêmois Aristide Boucicaut inaugure « Au Bon Marché », dont s’inspire Zola dans Au Bonheur des Dames (paru en 1883).
A Alençon, Pierre Romet ouvre en 1843 rue du Pont Neuf une maison de commerce nommée "Le Gagne-Petit" en référence aux rémouleurs parisiens, ainsi surnommés. Né en 1819, Pierre Romet est parti travailler à Paris dès ses 16 ans dans des maisons de commerce ; il y a rencontré Pierre Parissot, l’un des pionniers des grands magasins, fondateur de La Belle Jardinière en 1824, et Aristide Boucicaut, son compatriote ornais. Il s’inspire de leurs méthodes pour développer son affaire. Ainsi, au cours des années 1850, le magasin alençonnais se développe. On y vend en gros, en demi-gros et en détail.
Au Gagne-Petit, Pierre Romet adopte les innovations des grands magasins parisiens. Il instaure ainsi le principe de l’entrée libre qui permet aux clients de flâner dans les rayons sans obligation d’achat. Il met en place également l’affichage sur étiquette d’un prix fixe par produit, qui met un terme aux marchandages. Les prix sont bas car les marges bénéficiaires sont réduites mais le manque à gagner est compensé par la plus grande quantité vendue. Pierre Romet adopte aussi le principe des saisons et des soldes et met en avant les nouveautés. Cela permet d’entretenir la consommation, stimulée par un renouvellement fréquent de l’offre. Par ailleurs, la mise en place d’un système de vente par correspondance élargit la clientèle.
L’entreprise prospère et se développe, portée par sa réputation de qualité et ses prix abordables. Elle ouvre des filiales au Mans, à Caen, et des comptoirs d’achat à Lille, Paris, Roubaix tandis que les magasins d’Alençon s’agrandissent… Au début du XXe siècle, elle emploie plusieurs centaines d’employés : vendeurs, représentants, personnel administratif et ouvriers des ateliers de confection. Dans l’Entre-deux-Guerres, son activité continue de prospérer. Elle ne survivra pas cependant aux bouleversements du secteur et fermera définitivement en 1965.
Les documents présentés ici permettent d’illustrer les principales caractéristiques de ces nouvelles formes de consommation qui se développent dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ils ne représentent qu’un tout petit échantillon des fonds disponibles aux Archives départementales au sujet du Gagne-Petit. Les professeurs qui souhaiteraient approfondir ce sujet peuvent bien entendu nous contacter. Signalons également que les Archives conservent aussi des documents sur Le Bon Marché d’Aristide Boucicaut.
Les premiers établissements de ce type ouvrent à Paris dans les années 1820 mais leur véritable essor a lieu sous le Second Empire. En 1852, le Bellêmois Aristide Boucicaut inaugure « Au Bon Marché », dont s’inspire Zola dans Au Bonheur des Dames (paru en 1883).
A Alençon, Pierre Romet ouvre en 1843 rue du Pont Neuf une maison de commerce nommée "Le Gagne-Petit" en référence aux rémouleurs parisiens, ainsi surnommés. Né en 1819, Pierre Romet est parti travailler à Paris dès ses 16 ans dans des maisons de commerce ; il y a rencontré Pierre Parissot, l’un des pionniers des grands magasins, fondateur de La Belle Jardinière en 1824, et Aristide Boucicaut, son compatriote ornais. Il s’inspire de leurs méthodes pour développer son affaire. Ainsi, au cours des années 1850, le magasin alençonnais se développe. On y vend en gros, en demi-gros et en détail.
Au Gagne-Petit, Pierre Romet adopte les innovations des grands magasins parisiens. Il instaure ainsi le principe de l’entrée libre qui permet aux clients de flâner dans les rayons sans obligation d’achat. Il met en place également l’affichage sur étiquette d’un prix fixe par produit, qui met un terme aux marchandages. Les prix sont bas car les marges bénéficiaires sont réduites mais le manque à gagner est compensé par la plus grande quantité vendue. Pierre Romet adopte aussi le principe des saisons et des soldes et met en avant les nouveautés. Cela permet d’entretenir la consommation, stimulée par un renouvellement fréquent de l’offre. Par ailleurs, la mise en place d’un système de vente par correspondance élargit la clientèle.
L’entreprise prospère et se développe, portée par sa réputation de qualité et ses prix abordables. Elle ouvre des filiales au Mans, à Caen, et des comptoirs d’achat à Lille, Paris, Roubaix tandis que les magasins d’Alençon s’agrandissent… Au début du XXe siècle, elle emploie plusieurs centaines d’employés : vendeurs, représentants, personnel administratif et ouvriers des ateliers de confection. Dans l’Entre-deux-Guerres, son activité continue de prospérer. Elle ne survivra pas cependant aux bouleversements du secteur et fermera définitivement en 1965.
Les documents présentés ici permettent d’illustrer les principales caractéristiques de ces nouvelles formes de consommation qui se développent dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ils ne représentent qu’un tout petit échantillon des fonds disponibles aux Archives départementales au sujet du Gagne-Petit. Les professeurs qui souhaiteraient approfondir ce sujet peuvent bien entendu nous contacter. Signalons également que les Archives conservent aussi des documents sur Le Bon Marché d’Aristide Boucicaut.
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