Organiser la réglementation (1893)
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Usage pédagogique
- Date du document : 26/10/1893
- Référence : M 1032
- Auteur(s) : Raoul Couppel du Lude
- Période(s) : De 1815 à 1914
- Type(s) de document : Affiche / Placard
Présentation :
Comme on l’a vu dans le document précédent avec l’exemple d’Alençon, ce sont d’abord les villes qui, face au nombre croissant de cyclistes, ressentent la nécessité de règlementer leur circulation. Sur l’ensemble du territoire, on voit donc apparaître au cours des années 1870 et 1880 de nombreux arrêtés municipaux, pour la plupart très restrictif sur les usages de la bicyclette.
Cette multiplication des règlementations finit par produire une certaine confusion. C’est pourquoi, en 1893, l’Etat entreprend de normaliser l’ensemble via des arrêtés préfectoraux comme en témoigne le document présenté ici, un arrêté du préfet de l’Orne Raoul Couppel du Lude (en fonction de 1890 à 1896) destiné à l’affichage public.
« Considérant que l’usage du vélocipède [était] devenu fréquent », ce texte s’efforce donc d’organiser la cohabitation entre les différents utilisateurs des voies publiques pour éviter les conflits d’usage et garantir la sécurité de tous. Il reprend l’essentiel des règlementations qui avaient déjà été mises en place à l’échelle municipale. Il interdit la circulation cycliste dans les zones piétonnes très fréquentées et « prescrit de marcher à une allure modérée » en présence de piétons ou en approche des carrefours pour éviter les accidents. Comme, à l’époque, on reprochait souvent aux cyclistes d’effrayer les animaux, et particulièrement les chevaux, le texte insiste sur la nécessité pour les cyclistes d’éviter les mouvements brusques, de garder leur distance et de manifester leur présence par un signal sonore.
A la différence de l’arrêté municipal d’Alençon publié quatre ans auparavant, ce texte évoque aussi les obligations des autres usagers envers les cyclistes (article 5). L’interdiction faite « d’apporter la moindre gêne à la circulation des vélocipèdes, d’exciter des chiens contre eux… » est révélatrice de comportements assez fréquents dans cette époque marquée par une « vélophobie » assez prononcée. Le cycliste effraie les bêtes, et parfois les écrase, il cause des accidents, il va trop vite. On l’a déjà dit : cette vitesse inédite inquiète, dans cette période déjà soumise à de profondes mutations dans tous les domaines, modifie le rapport au temps et à l’espace. Mais malgré tout, la bicyclette s’impose et devient progressivement un objet ordinaire
Notons pour terminer l’obligation faite de munir sa bicyclette d’une plaque indiquant son propriétaire. L’acquisition de cette plaque donne lieu chaque année à une taxe maintenue jusqu'en 1958.