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Les premières réglementations sur l'usage du vélo en ville

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 1889
  • Référence : M 1032
  • Auteur(s) : E. Deschamps
  • Lieu(x) : Alençon
  • Période(s) : De 1815 à 1914

Présentation :

Ce document est le projet d’un arrêté municipal transmis pour validation au Préfet de l’Orne par le Maire d’Alençon afin de réglementer la circulation des bicyclettes en ville.

Cette volonté de règlementer témoigne de l’utilisation croissante de ce nouveau mode de transport qui produit donc ce que les géographes contemporains appelleraient un conflit d’usage dans l’espace urbain. Il faut organiser cette cohabitation nouvelle entre piétons, cavaliers, voitures hippomobiles et cyclistes. En l’absence de code de la route (1921), cet arrêté s’appuie sur une loi de 1884 qui octroie au maire une autorité de police en matière de sécurité publique (article 97) et sur les routes à l’intérieur de son agglomération (article 98).

Le maire commence par interdire l’usage de la bicyclette dans les zones très fréquentées par les piétons, autour du parc des Promenades et de la place Foch (place d’Armes dans le texte). A l’intérieur du rayon de l’octroi, qui équivaut à ce que l’on appellerait aujourd'hui l’agglomération (étant entendu bien évidemment que l’agglomération d’Alençon en 1889 est beaucoup plus petite qu’aujourd'hui), les cyclistes doivent adopter une vitesse modérée, celle que l’on imposait aussi aux cavaliers, à savoir le « petit trot », autour de 10 km/h environ. La dernière disposition de l’article 1er indique bien que le vélo n’est pas considéré comme un moyen de transport urbain. Pour éviter toute confusion, rappelons que les voitures dont il est question dans ce texte sont des voitures à cheval puisque les voitures automobiles à cette date viennent à peine d’être inventées. Enfin, l’arrêté impose que les cyclistes puissent être vus et entendus par les autres usagers par un avertisseur et une lanterne.

Cette règlementation répond aux inquiétudes, voire à l’hostilité, exprimées à l’époque dans tout le pays face aux dangers, réels ou supposés, que les cyclistes font courir aux autres usagers de la route. Comme on l’a dit, le vélo fut d’abord un engin de course et, en cette fin de siècle, de nombreux citadins voient d’un mauvais œil le développement de ces nouveaux usages, récréatifs ou professionnels. On reproche notamment aux cyclistes d’effrayer les chevaux, d’écraser les chiens et les poules, de bousculer les piétons. Plus confusément peut-être, on s’inquiète de cette vitesse inédite qui, dans une période déjà soumise à de profondes mutations dans tous les domaines, modifie le rapport au temps et à l’espace. Des craintes semblables seront formulées quelques années plus tard quand les premières automobiles feront leur apparition.