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Marcel Bonnem, de la Sarre à Auschwitz

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 11/09/1942
  • Référence : Archives Nationales F/9/5682
  • Auteur(s) : Administration du camp de Drancy
  • Lieu(x) : Alençon , Auschwitz-Oswiecim (Pologne) , Drancy (Seine-Saint-Denis) , Rivesaltes (Pyrénées-Orientales)

Présentation :

Marcel Bonnem est né à Merzig le 22 août 1902. Ses parents tiennent une épicerie. En 1924, il épouse Gustel Kahn, une amie d’enfance. Ils ont trois enfants : Berthold, né en 1925, Edith, en 1927 et Rudolph, en 1929.

Après le référendum de janvier 1935, toute la famille Kahn/Bonnem quitte la Sarre ; Marcel et sa famille, accompagnés de son beau-frère Edgard Kahn, et de son épouse Liesel, émigrent en Palestine comme des milliers d’autres juifs victimes de persécution (voir le chapitre « Fuir l’Allemagne nazie/L’échec de l’installation en Palestine » dans ce dossier). Mais ils ne s’y plaisent pas : le climat, le chômage et peut-être aussi les violences entre juifs et Arabes les incitent à venir en France pour rejoindre le reste de la famille qui s’est installée à Alençon.

Toute la famille se retrouve alors rue des Granges. Marcel reprend la tradition familiale et devient représentant de commerce pour « Articles de Paris » (voir document dans le chapitre : « Fuir l’Allemagne nazie/La France, un refuge pour les juifs sarrois »).

En mai 1940, Marcel et ses deux beaux-frères, Edgard et Alfred Kahn, sont internés en tant qu’étrangers ressortissants d’un pays ennemi dans le camp de Funay au Mans. Les trois hommes sont ensuite déplacés à Albi en zone Sud au mois de juin 1940 pour être mis au service de l'armée d'armistice comme "prestataires". Alfred note dans son journal que le 26 juillet, Marcel est transféré à Castres.

Marcel est affecté au 318e Groupement de Travailleurs Etrangers (GTE). Il va connaître différents cantonnements entre juillet 1940 et août 1942 : Agen (Lot-et-Garonne), Agde (Héraut), Lézignan (Aude). Il est employé selon les besoins aux travaux agricoles ou à l’entretien des routes. D’après ses courriers, très nombreux, adressés par cartes interzones à sa famille restée à Alençon, il est bien traité. Mais il souffre énormément de la séparation d’avec sa famille, d’autant plus qu’Edgard et Liesel sont réunis, comme Alfred et Rosa. A plusieurs reprises, il demande à Berthold de faire une demande pour avoir l’autorisation de venir lui rendre visite. Mais Berthold n’est pas venu. Le régime du camp laissait une certaine liberté ; lors des permissions, il pouvait passer un peu de temps avec ses beaux-frères qui n’étaient pas détenus avec lui, même si cela le rendait souvent plus triste encore.

A la fin du mois d'août 42, vichy entreprend de "vider" les groupements de travailleurs étrangers de leur main d’œuvre juive, qui va être systématiquement déportée. Dans ses cartes du mois d'août, on lit que Marcel n'ignore pas qu'il va bientôt quitter le Sud de la France pour aller "travailler". Cependant, il a encore l'espoir qu'il pourra ainsi retrouver son épouse, Gustel, et ses deux aînés, Edith et Berthold, arrêtés depuis le mois de juillet. A la toute fin du mois d'août, Marcel doit quitter le GTE pour un camp, à Bram (Aude), ouvert en février 1939 pour y enfermer les réfugiés espagnols. Il peut encore recevoir de la visite. Ainsi, Ida Kahn écrit dans son journal le 3 septembre 1942 « : L’après-midi, une carte d’Edgard du 31. Il était encore toute une journée avec Marcel à Bram avant son départ ».

Après Bram, Marcel est transféré à Rivesaltes (Pyrénées Orientales), le « Centre inter-régional de rassemblement des Israélites » créé par Vichy en zone Sud, puis à Drancy comme en atteste la fiche d’internement présentée ici. Le document est incomplet, rédigé à la va-vite sur une fiche qui ne comporte même pas les rubriques administratives pré-imprimées utilisées d’ordinaire à Drancy. Peut-être en manquait-on alors. L’orthographe est incorrecte, comme celle que l’on trouve sur la liste du convoi de déportation. L’administration du camp a tout de même noté que Marcel arrivait de Rivesaltes, ainsi que la date à laquelle il a été remis aux autorités allemandes, le 11 septembre 1942. Il est alors déporté pour Auschwitz dans le convoi n°31, quelques semaines après son épouse, Gustel, et ses deux aînés, Edith et Berthold. Sa mère et son fils cadet, Rudolph seront déportés en novembre. Aucun ne reviendra. D’après les informations du Mémorial de Yad Vashem, sur les 1000 déportés du convoi, deux hommes et 78 femmes sont sélectionnés à Auschwitz pour le travail forcé. Tous les autres sont immédiatement assassinés dans les chambres à gaz. Marcel était parmi eux.

Thématique(s) :

  • Sciences sociales : Science politique (politique et gouvernement) : Idéologies politiques : Idéologies fondée sur le racisme : Idéologies politiques fondées sur le racisme en France
  • Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire : Histoire générale par continents, pays, régions du monde ancien et moderne : histoire de l'Europe
    1918- : Seconde Guerre mondiale, 1939-1945 : Histoire sociale, politique, économique. Camps de concentration. Holocauste