Les enjeux du tracé de la ligne : exemple de la gare du Mêle-sur-Sarthe

Présentation :

Cette lettre du maire de Coulonges adressée en août 1869 au maire du Mêle-sur-Sarthe montre que le tracé des voies et le choix de l’emplacement des gares ont constitué un enjeu important et un sujet de débat pour les communes concernées. Le document intégral est disponible au format pdf par lien ci-dessus ; la transcription se trouve ci-dessous.

Comme on l’a vu dans l’introduction de ce chapitre, à partir de 1865, l’Etat laisse aux départements le soin de choisir les lignes du réseau secondaire qui leur semblent pertinentes. Ainsi est décidée l’ouverture d’une ligne reliant Alençon à Condé-sur-Huisne via Mortagne. Comme Condé est situé sur la ligne Paris-Brest, ce nouvel axe offre à l’Orne une nouvelle connexion vers la capitale. Reste à en préciser le tracé.

On sait que certaines communes n’ont pas souhaité être desservies par le train. Ce refus était motivé par la crainte des menaces supposées de la voie ferrée sur la tranquillité des habitants. On redoutait le bruit, les vapeurs, les étrangers et, confusément, toute forme de perturbation liée à la modernité.

Ce n’est pas le cas du maire de Coulonges. Au contraire, il s’adresse à son collègue du Mesle-sur-Sarthe, situé à environ 5 km à l’Ouest, pour défendre un tracé qui permettrait d’installer la gare à proximité des routes desservant son village. Le comte de Coulonges a bien saisi les opportunités que la proximité de la gare offrirait à sa commune. Notons qu’il écrit de Deauville, au mois d’août ; peut-être y était-il en villégiature, ce qui indiquerait dans son mode de vie une forme de modernité qui lui a permis de mieux saisir l’intérêt de l’arrivée de la voie ferrée.

Les travaux commencent en 1871 et s’achèvent en 1873 et c’est bien l’option défendue par le Comte / maire de Coulonges qui sera retenue. La gare du Mêle est installée au Nord du village, à proximité de la route vers Coulonges. Quatre fois par jour, le train parcourt les 66 kilomètres entre Alençon et Condé. A Mortagne, à partir de 1881, la ligne se connecte aux nouvelles voies ferrées ouvertes vers Mamers via Bellême, L’Aigle, et Gacé via Sainte-Gauburge.