L'accident de Caligny (1879)
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Usage pédagogique
- Date du document : 1879
- Référence : 25 Fi 167
- Auteur(s) : Narcisse Bissey
- Lieu(x) : Caligny , Cerisy-Belle-Etoile , Condé-sur-Noireau (Calvados) , Flers
- Période(s) : De 1815 à 1914
- Type(s) de document : Estampe / Gravure / Lithographie
Présentation :
Ce document permet d’illustrer une regrettable évidence : l’invention du train, c’est aussi l’invention de l’accident de train dont le développement du réseau ferré augmente inévitablement les risques.
Il s’agit d’une lithographie (sans date) réalisée par Narcisse Bissey, imprimeur, libraire et lithographe à Condé-sur-Noireau (actuelle Condé-en-Normandie). Elle représente l’accident survenu le 15 août 1879 sur la ligne Paris-Granville, sur la commune de Cerisy-Belle-étoile, à 500 m de Caligny.
Ce jour-là, à 7 heures du matin, un train de voyageurs parti de Flers avec à son bord environ 80 à 90 passagers à destination de Granville, entra en collision avec un train de marchandises qui circulait dans l’autre sens. L’accident a eu lieu sur une portion de la ligne à voie unique et dans une courbe qui réduisait la visibilité des conducteurs (alors nommés « mécaniciens »). Ils eurent tout juste le temps d’inverser la vapeur mais cela ne suffit pas à empêcher le drame.
Il est peu probable que l’auteur de la lithographie ait assisté à l’accident mais il a probablement lu les articles de la presse locale, qui décrivent une scène très semblable à celle qu’il a représentée. Le choc fut d’une grande violence. Le train de marchandises, plus lourd, a mieux résisté mais le train de passager s’est disloqué presque entièrement et les wagons se sont écrasés et entassés les uns sur les autres. Selon le Journal de Flers et de l’arrondissement de Domfront du 20 août 1879 (côté PER5019/23), les voyageurs affolés couraient dans les champs pour fuir cette scène épouvantable.
D’après les témoins, le bruit de l’accident fut entendu jusqu'à 6 kilomètres. Le maire et le curé de Cerisy sont vite arrivés sur les lieux, bientôt rejoints, par un train de secours, par des médecins de Flers qui toute la journée s’efforcèrent de soigner les blessés.
Le bilan est lourd : neuf morts et une cinquantaine de blessés (fractures, plaies et contusions). L’accident a été causé par une erreur du sous-chef de gare de Flers qui, sur une ligne déjà encombrée ce jour-là, a autorisé le départ du train de passager croyant à tort que le train de marchandises, très en retard, était déjà passé. La fréquentation croissante du réseau explique donc en partie la catastrophe, mais aussi l’insuffisance des systèmes de sécurité. Ce drame a incité les ingénieurs à développer des procédures plus sûres.
Soulignons pour terminer que l’accident a suscité un intérêt et une émotion très vifs dans la population. D’après le Journal de Flers (qui exagère peut-être un peu ?), environ 10 000 personnes se seraient rendues sur les lieux dans les jours suivants pour observer la terrible scène. C’est probablement une même fascination pour les catastrophes spectaculaires inventées par l’âge industriel qui incita Narcisse Bissey à réaliser cette lithographie vendue pour décorer un bureau ou un salon.