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Assainir l'espace urbain : les égouts d'Alençon

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 1868
  • Référence : 1J1 / 12
  • Lieu(x) : Alençon
  • Période(s) : De 1815 à 1914
  • Type(s) de document : Carte / Plan / Document iconographique

Présentation :

Le 1er document de ce chapitre évoquait la situation sanitaire à Alençon au milieu du XIXe ; ce rapport adressé aux membres du conseil municipal attirait notamment leur attention sur la gestion des eaux usées. En l’absence de tout système organisé d’évacuation, les eaux souillées par les activités et les déjections, humaines et animales, rejetées directement dans les jardins ou dans les rues sans trottoir ni égouts, contaminaient les nappes phréatiques et s’accumulaient dans la Sarthe et la Briante dont le débit ne permettait pas une évacuation efficace. Le rapport insiste particulièrement sur la nécessité d’aménager les différents bras de la Briante en aval de l’hôtel de ville pour éviter l'accumulation d'eaux putrides.

Au cours des années suivantes, malgré la croissance lente mais certaine de la population (de 14 800 habitants en 1851 à 16 000 en 1870), le dossier de l’assainissement n’avance guère. Pourtant, suivant l’exemple britannique, certaines villes françaises, à commencer par Paris, ont déjà entrepris d’importants travaux dans ce domaine et se sont équipées d’un réseau d’égouts. Mais à Alençon, si on a bien conscience du lien entre les épidémies et la gestion des eaux, la ville recule devant l’importance des investissements financiers à mobiliser.

Le sujet revient pourtant régulièrement dans les débats ; plusieurs projets sont envisagés. En 1855, l’ingénieur Muller, propose un projet d’assainissement des eaux de la Briante (Archives municipales d’Alençon, 34 O 1), repris en 1861 par l’ingénieur Duméril. En 1868, sollicité par le maire, les ingénieurs des Ponts et Chaussées présentent un nouveau projet accompagné du plan présenté ici. Comme le précise le petit texte d’accompagnement sur le plan (transcrit ci-dessous), il est tout à fait possible de réaliser le projet en plusieurs étapes pour ménager les finances municipales.

On observera sur le plan qu’il s’agit d’installer a minima, sur chaque rive de la Sarthe, un grand collecteur. Sur la rive droite (centre-ville), il doit se déverser dans la Briante en aval du quartier Saint-Léonard, un peu avant la confluence avec la Sarthe. Sur la rive gauche (Monsort), il déboucherait très légèrement en amont de l’hôpital. Ce système était prévu pour être développé par l’aménagement de nouveaux tronçons d'égouts (par exemple rue aux Cieux, actuelle rue aux Sieurs), raccordés au collecteur principal. Le document précise qu’il faut, en toute logique, organiser les travaux en remontant la pente, de bas en haut.

On remarquera aussi sur le plan l’absence de la rue du maréchal De Lattre de Tassigny. Depuis le château jusqu'à la Grande Rue, deux bras de la Brillante s’étalent alors à cet endroit, l’île de Jaglolay, et leurs eaux souvent croupissantes contribuent à l’insalubrité du quartier. On peut aussi noter l’indication sur la partie basse du projet de boulevard reliant la route du Mans à la gare. Ce sera le boulevard de la République, ouvert à partir de 1881 (voir dans ce dossier le document « L’arrivée du train transforme les espaces urbains » dans le chapitre consacré au développement du réseau ferroviaire).

En 1907, les auteurs d’un rapport présenté aux autorités municipales (Archives municipales, 34 O 1) précisent que le projet de 1868 n’a pas été réalisé : « on s’était borné à établir quelques égouts isolés, notamment pour l’évacuation des casernes et de la gare ». Mais les Alençonnais sont de plus en plus nombreux à réclamer des travaux. Le dossier est donc repris à nouveau en 1905. Ainsi, au début du XXe siècle, la ville n’est pas encore équipée d’un réseau complet d’égouts.

Transcription :

Les 4 réseaux sont indépendants les uns des autres. Ils peuvent même être fractionnés indéfiniment à la condition de commencer l’exécution à partir du point le plus bas.

Par exemple, si l’on voulait réserver l’assainissement de la Briante et n’entreprendre immédiatement que le réseau central quoique moins urgent, il serait nécessaire de construire l’égout ABCD (45 000 frs) puis l’on procèderait ensuite à l’établissement des conduites des rues aux cieux en marchant toujours d’aval en amont. La question d’assainissement du quartier de la Briante étant réservée, on pourrait dans cette hypothèse assainir tout le reste du centre de la ville moyennant une dépense de 89 000 frs environ (voir le tableau ci-dessus _ 45 000 + 1600 … + 18000 = 89 000)__ De fait, l’assainissement de la Briante serait déjà en voie d’exécution puisqu’à partir du point C (grande rue), ses eaux seraient prises par l’égout collecteur ABCD et rejetées au-dessous de la ville, et par suite, le quartier situé entre la grande rue et la Sarthe se trouverait à l’abri des inondations de cette rivière.