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Septembre 1940 : le recensement obligatoire

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 18/10/1940
  • Référence : 86 W 5
  • Auteur(s) : Préfecture de l'Orne
  • Lieu(x) : Alençon
  • Période(s) : De 1914 à nos jours

Présentation :

La première ordonnance allemande contre les juifs de la zone occupée date du 27 septembre 1940 (voir le document téléchargeable en annexe). Elle devance les mesures semblables que s’apprêtait à prendre Vichy et impose le recensement obligatoire des juifs ainsi que le marquage des magasins par une affiche spéciale (voir dans ce dossier).

Les autorités françaises ne tardent pas à s’exécuter. Daté du 18 octobre, le document présenté ici est un extrait du brouillon du recensement effectué par les services de la préfecture. Nous présentons la page qui porte les noms d’une partie de la famille Bonnem/Kahn : Gustel, Marcel et leurs trois enfants (signalés dans la case en haut à droite), la mère de Marcel, Rebecca, les parents de Gustel, Julius et Ida, sa jeune sœur Herta, épouse de Siegmund Friedman (qui est alors en zone libre), et leurs trois enfants. Tous habitent la maison de la rue des Granges à Alençon, achetée par Julius et Ida en mai 1936. Le registre indique que Marcel est « actuellement sous les drapeaux en zone libre ». Au printemps 1940, en effet, comme les autres étrangers « suspects », il fut incorporé comme « prestataire » de l’armée française. A l’automne, il est donc encore dans une Compagnie de Travailleurs Etrangers et travaille au service de l’armée d’armistice, comme ses beaux-frères Alfred et Edgard. Pour autant qu’on le sache, ils ne reviendront pas à Alençon. On remarque également sur le registre la mention « ne professe pas » (sous-entendu « la religion ») pour Gustel, ses deux parents et sa belle-mère Ida. De fait, il n’y avait pas de synagogue à Alençon mais dans un entretien à Ouest France paru en 1980 (voir le chapitre "Les rescapés"), Alfred Kahn raconte que la famille se rendait régulièrement à la synagogue du Mans pour le culte. Par ailleurs, les mémoires de Herta témoignent d’un vif attachement à la religion et aux pratiques cultuelles. Sans doute ont-ils espéré que se déclarer non pratiquants les mettrait à l’abri des persécutions.

Quoi qu’il en soit, cette première mesure pose un jalon déterminant sur la voie du génocide. En effet, les listes seront mises à jour régulièrement et c’est sur la base de ce recensement que les autorités françaises et allemandes procèderont aux arrestations à partir de 1941.
 

Thématique(s) :
Philosophie, parapsychologie et occultisme, psychologies : Morale (éthique) : Morale des relations sociales : Pratiques discriminatoires
Sciences sociales : Groupes sociaux : Groupes ethniques et nationaux
Sciences sociales : Science politique (politique et gouvernement) : idéologies politiques : Idéologies fondée sur le racisme : Idéologies politiques fondées sur le racisme en France
Sciences sociales : Science politique (politique et gouvernement) : Droits civils et politiques : Des groupes minoritaires : Des groupes éthniques et nationaux : Des groupes spécifiques : Droit civil des juifs