L'arrestation de Gustel, Edith et Berthold Bonnem
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Usage pédagogique
- Date du document : 15/07/1942
- Référence : 1 W 24
- Auteur(s) : commissaire de police d'Alençon
- Lieu(x) : Alençon
- Période(s) : De 1914 à nos jours
Présentation :
En France, les premières arrestations massives de juifs ont eu lieu au mois de mai 41 (3710 arrestations : la rafle dite du "billet vert"), puis se poursuivent en août (4230). Les personnes arrêtées sont détenues dans les camps de Pithiviers, Beaune-la-Rolande, puis Drancy, administrés par les autorités françaises.
A partir de 1942, on change d’échelle : la « Solution finale », déjà engagée à l’Est, se met en place en Europe de l’Ouest. Les nazis programment un vaste plan de déportation des juifs de Belgique, des Pays-Bas et de France. Pendant le mois de juin, les autorités d’occupation négocient avec Vichy pour organiser une vaste rafle de juifs en France, dans les deux zones. Les Allemands espèrent pouvoir rafler 40 000 personnes. Vichy met les forces de la police française au service de l’opération, ce qui se traduit notamment par la grande rafle du Vel’ d’Hiv les 16 et 17 juillet à Paris (13152 personnes arrêtées, dont 4000 enfants).
Cependant, les rafles ne concernent pas seulement la région parisienne mais s'étendent à l’ensemble du territoire. Les Kahn-Bonnem n’y échappent pas. Le document présenté ici est le rapport du commissaire de police d’Alençon au préfet de l’Orne pour l’informer qu’une « douzaine de juifs" ont quitté Alençon par le train sous l’escorte de soldats allemands « pour une destination inconnue ». Parmi eux se trouvent trois membres de la famille Bonnem : Edith, 15 ans, Berthold, 17 ans et leur mère, Gustel, 39 ans. Ils ont été arrêtés à leur domicile, rue des Granges (Alençon) deux jours auparavant par la police militaire allemande (feldgendarmerie) comme le raconte Ida Kahn dans son journal : « Oh jour de malheur, le soir vers 9 heures, des gendarmes sont venus chercher Gustel, Berthold et Edith. Ils ont reçu l’ordre de préparer une valise avec des draps, 2 couvertures, du linge de rechange pour une fois, des affaires de toilette, des couverts, et des provisions pour 3 jours. Ensuite, on les a emmenés en auto, sans indiquer leur destination. J’allais l’oublier : on leur a demandé particulièrement d’emporter des chaussures et des habits de travail, mais pas d’argent. »
Du 13 au 15, Edith, Berthold et Gustel sont détenus à la caserne Bonet, qui sert de prison à la gestapo (voir document dans ce dossier), le temps, sans doute, que les autres juifs raflés dans le département soient conduits à Alençon. Puis le groupe est transféré vers les camps de détention (voir document dans ce dossier). Ida Kahn rapporte qu'elle est informée « par hasard ou par de braves gens » de l’heure du départ du train. Alors « Lili et Rudi sont allés à la gare, ils ont pu encore donner toutes sortes de provisions. Ils avaient des compagnons d’infortune, 12 environ. » En effet, le rapport du commissaire évoque la présence d’autres personnes raflées à Argentan et à Tessé-la-Madeleine.
Dans les Archives de l’Orne, c’est la dernière trace que nous avons de Gustel et de ses deux ainés, Edith et Berthold. Quelques mois plus tard, le petit Rudolph et ses grands-parents seront arrêtés également puis déportés vers Auschwitz, dont ils ne reviendront pas non plus.
Thématique(s) :
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