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Fuir l'Allemagne nazie

  • Période(s) : De 1914 à nos jours
Jusqu’en 1935, la famille Kahn vivait en Sarre, une région allemande frontalière de la France. Julius Kahn, le grand-père, était marchand de bestiaux à Merzig, une ville de 10 000 habitants à quelques kilomètres de la frontière. Les juifs de Sarre sont alors à l’abri des persécutions antisémites nazies car le Traité de Versailles établit en 1919 que la Sarre doit être gérée par la Société des Nations (SDN) et ses mines de charbon exploitées par la France à titre de compensation pour les dommages de guerre. Le traité prévoit que la population sera consultée au bout de 15 ans sur le statut du territoire. En janvier 1935, un référendum est donc organisé : les Sarrois se prononcent à 90 % pour le rattachement au Reich. Le transfert de souveraineté est prévu pour le 10 mars 1935. C’est un succès éclatant pour les nazis.

Pour d’autres, c’est une catastrophe. Dès janvier, environ 2000 Sarrois passent en France ; au total, ce seront 10 000 personnes qui vont quitter la Sarre de 1935 à 1939. Parmi eux, les Kahn, qui espèrent ainsi échapper aux persécutions antisémites. En 1980, Alfred Kahn, un des rares survivants de la famille, raconte dans Ouest France : « C’était la victoire du nazisme. Nous avons décidé de partir. Toute la famille. Comme tous les juifs de Sarre. Et comme tous les opposants aux nazis, les socialistes en particulier. On avait un an pour le faire. Rester ? On savait ce qui nous attendait. Dans « Mein Kampf », Hitler avait tout annoncé. »