Pétain s'adresse aux instituteurs

Présentation :

Le document est un discours prononcé à Vichy par Pétain à l’occasion de l’inauguration d’une exposition réalisée par les écoles du département de l’Allier consacrée à l’enseignement agricole, ménager et d’Artisanat rural. Le discours intégral est disponible au format pdf par le lien ci-dessus.

Il est extrait d’un recueil intitulé « Les messages de M. Abel Bonnard, ministre de l’éducation nationale », publié sans doute en 1942. On y trouve les principaux thèmes de la propagande vichyste.

Pétain s’adresse aux instituteur, affirmant qu’ils sont au centre de ses pensées. De fait, il s’intéresse depuis longtemps aux questions scolaire. En 1934 déjà, quand il est entré dans le gouvernement d’union nationale de Gaston Doumergue, il espérait obtenir le ministère de l’éducation. Cependant, il n’a guère de sympathie pour les instituteurs qu’il considère, comme une grande partie de la droite conservatrice dont il est issu, comme partiellement responsables de la défaite de 1940. Il affirme qu’il veut « rendre à leur fonction la dignité » qui lui revient, ce qui implique donc qu’elle l’aurait perdue sous la République.

Comme souvent, le maréchal se pose en vieux sage à qui une longue expérience de la vie confère une compétence dans de nombreux domaines, y compris celui de l’éducation. Comme souvent, il ne manque pas de faire référence à son rôle pendant la Grande Guerre, qui constitue selon lui l’un des piliers de sa légitimité. Il invite ensuite les professeurs à exalter auprès de leurs élèves le passé national. Il défend une conception organique de la nation, où chacun doit se mettre au service de la communauté et oublier ses intérêts particuliers.

On retrouve ici en creux la critique de la République qui, selon la propagande vichyste, aurait encouragé à l’égoïsme. On retrouve aussi le rejet viscéral des thématiques communistes de la lutte des classes. Pétain brosse aussi le tableau de sa France idéale : c’est la France des campagnes, de l’agriculture et de l’artisanat, loin de la « confusion des grandes villes ». Pas d’industrie, pas d’usines, pas d’ouvriers dans la France rêvée du maréchal.

Ce discours permet donc de saisir les caractéristiques idéologiques de la Révolution nationale. Pétain entend réformer complètement le pays et cette œuvre doit commencer à l’école, qui « forme la nation de demain. »