Jeanne d'Arc : un modèle pour les jeunes français sous Vichy
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Usage pédagogique
- Date du document : 1942 ?
- Référence : 2 W 48
- Auteur(s) : Abel Bonnard
- Période(s) : De 1914 à nos jours
- Type(s) de document : Document imprimé / Livre
Présentation :
Le document présenté est un discours d’Abel Bonnard, ministre de l’éducation nationale, adressé aux enfants des écoles. Il est extrait d’un recueil intitulé « Les messages de M. Abel Bonnard, ministre de l’éducation nationale », publié sans doute en 1942. Il est disponible en intégralité au format pdf par le lien ci-dessus.
Bonnard est nommé au ministère en avril 1942 lors du retour de Pierre Laval à la tête du gouvernement. Il reste en poste jusqu’à la fin du régime à Sigmaringen. Au cours des années 1930, il se rapproche du Parti Populaire Français de Jacques Doriot ; après la défaite de 1940, il devient un véritable collaborationniste. Dans ce discours prononcé à l’occasion d’une fête de Jeanne d’Arc (le 2e dimanche de mai), Bonnard reprend quelques-uns des thèmes de la propagande vichyste à destination de la jeunesse, à commencer par l’exaltation de Jeanne d’Arc. Depuis la fin du XIXe siècle, ce personnage de l’histoire de France est récupéré par l’extrême droite qui veut y voir l’incarnation de ses valeurs. Selon cette instrumentalisation de l’histoire, Jeanne, petite paysanne lorraine, représente le « vrai » peuple, modeste, dévoué à la patrie et profondément catholique. Dans les temps de malheur de la guerre de Cent Ans, elle a redonné l’espoir à la nation abattue. Elle doit donc devenir le modèle pour la jeunesse française de la révolution nationale.
Dans ce discours, Bonnard ne fait pas référence à la lutte de Jeanne d’Arc contre les Anglais, qui est souvent mise en avant par la propagande vichyste pour déconsidérer la Grande-Bretagne. Peut-être estimait-il qu’en évoquant le combat de Jeanne contre l’occupant, on risquait de donner des arguments à ceux qui voulaient combattre les Allemands.
Quoi qu’il en soit, Bonnard ne manque pas de terminer son discours par un éloge du maréchal, « le plus grand des Français » (dont il disait par ailleurs beaucoup de mal en privé) : alors que le dauphin du temps de Jeanne d’Arc était un jeune homme faible, le maréchal au contraire saura mener le pays au salut.
Ce document permet donc d’illustrer l’instrumentalisation du passé pratiquée par Vichy comme par tous les régimes autoritaires.
Le discours de Bonnard sur Jeanne d'Arc (2W48).pdf