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Martial Coupry, le premier fusillé de l'Orne

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 20/08/1940
  • Référence : Arch. Dép. Orne 2 W 7
  • Lieu(x) : Alençon , Radon , Rugles (Eure) , Saint-Martin d'Ecublei , Saint-Sulpice-sur-Risle , Verneuil-sur-Avre (Eure)
  • Période(s) : De 1914 à nos jours

Présentation :

Les troupes allemandes arrivent dans l’Orne à  partir du 17 juin 1940. Le 12 août, vers 22 heures, cinq barrages rudimentaires mais susceptibles cependant de gêner la circulation des véhicules allemands sont installés sur la route nationale entre L’Aigle et Rugles (dans l’Eure). Les représailles ne tardent pas : le 14 août, les Allemands imposent aux habitants des communes voisines de mettre en place une garde permanente de la route. Le 15, ils prennent une douzaine d’otages.

La gendarmerie française ouvre une enquête et identifie rapidement les deux très jeunes responsables qui ont eu l’imprudence de se vanter de leurs actes. Martial Coupry (19 ans) est apprenti boulanger, Roger Coupé (17 ans) est cantonnier auxiliaire. Tous deux vivent chez leurs parents. Arrêtés par les gendarmes le 15 août dans la soirée, ils reconnaissent les faits et s’étonnent de l’ampleur prise par les événements : « nous avons fait cela pour nous amuser sans intérêt ni animosité, ne pensant pas que cela pourrait créer de tels ennuis à la population. » Le 17 août, la gendarmerie les remet aux autorités militaires allemandes. La garde imposée est levée et les otages sont libérés en fin de journée.

Le 22 août 1940, le Conseil de guerre allemand de L’Aigle condamne Martial Coupry à 7 ans de travaux forcés et Roger Coupé à 5 ans de prison (la majorité judiciaire étant à 18 ans, il bénéficie de l’excuse de minorité). Les peines sont lourdes ; pourtant, les autorités militaires allemandes de Saint-Germain-en-Laye les trouvent insuffisantes. Le jugement de L’Aigle est cassé. Le 29 août,  l’affaire est portée devant le Conseil de guerre d’Alençon : Roger Coupé voit sa peine passer de 5 à 8 ans, Martial Coupry est condamnée à mort.

Dès le lendemain, le 30 août, le préfet de l’Orne, Paul Amade, adresse un courrier au général Streccius, Commandant en chef de l’administration militaire allemande en France, pour lui demander la grâce de Martial Coupry. Il invoque sa jeunesse et son insouciance. Il rappelle également que le département est resté calme face aux occupants mais prévient que l’exécution pourrait susciter des mouvements de mécontentement dans l’opinion. Sa demande est rejetée : le 23 septembre Martial Coupry est fusillé à Radon puis enterré dans le cimetière du village. C’est le premier fusillé ornais. Quant à Roger Coupé, il est déporté à Buchenwald, dont il sera rapatrié en mai 1945.

Cet épisode illustre les toutes premières formes de l’entrée en résistance dès 1940. Ces deux jeunes hommes n’appartenaient à aucune organisation politique, leur acte n’était vraisemblablement pas planifié, ni porté par une idéologie structurée. Ils n’avaient sûrement pas mesuré les risques qu’ils encourraient alors. Et pourtant, leur action s’inscrit bien dans le cadre d’une forme de résistance. Elle découle d’un refus, spontané, de l’occupation. Comme tant d’autres Français de 1940, ils veulent faire « quelque chose » contre la situation d’occupation. Quant à la réponse des autorités d’occupation, elle préfigure, dès l’automne 1940, l’impitoyable brutalité de la répression qui s'installera dans les mois suivants.

  • Le récit de l'exécution de Martial Coupry par l'abbé Fulgence.pdf

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  • courrier du préfet annonçant l'exécution de Martial Coupry.pdf

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  • la tentative de recours du préfet.pdf

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  • Rapport de la gendarmerie.pdf

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