11 novembre 1940 : sabotage de câbles téléphoniques à Flers
- Date du document : 13/11/1940
- Référence : Arch. Dép. Orne 1 W 80
- Auteur(s) : gendarmerie nationale
- Lieu(x) : Flers
- Période(s) : De 1914 à nos jours
Présentation :
Le 9 novembre 1940 et dans la nuit du 10 au 11, deux câbles téléphoniques sont sectionnés à Flers (rue de l’Ouest et le long de la voie ferrée). La gendarmerie française ouvre une enquête qui ne donne guère de résultats. Les autorités allemandes, quant à elles, appliquent immédiatement des mesures de représailles, dissuasives et punitives : un couvre-feu de 18 h 30 à 7 h, une amende de 140 francs par personne sur tous les habitants de la ville, exceptés les enfants de moins de 15 ans, les hospitalisés, les chômeurs et les indigents. Par ailleurs, les Allemands imposent aux habitants d’organiser une garde des lignes téléphoniques nuit et jour, ce qui implique la mobilisation de 500 personnes. Le montant total versé par les habitants s’élève à la fin du mois à 530 000 francs. La Feldkommandantur basée à Alençon promet que la somme sera rendue si le coupable est dénoncé. Le maire de Flers, le 17 novembre, appelle par voie de presse « les personnes connaissant le ou les auteurs de ces détériorations de bien vouloir les lui indiquer, soit verbalement, soit par écrit. La plus grande discrétion sera observée touchant cette déclaration » (Le Courrier de Flers, 17 novembre 1940). Pourtant personne ne sera dénoncé ; les Allemands lèvent les sanctions fin novembre.
En 1983, Jean Vigile, correspondant ornais du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, auteur d’un formidable travail de collecte sur cette période, recueille le témoignage d’André Lebreton. Dès l’été 1940, avec ses jeunes camarades anciens membres des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes (JOC), il forme un groupe de résistants qui organise ses premières actions. Ils rassemblent des armes, publient des tracts, gravent des V sur les arbres du parc pour le 11 novembre. Ce sont eux les auteurs du sabotage des câbles téléphoniques de Flers.
Par la suite, André Lebreton et ses camarades vont continuer leurs actions de résistance mais ces premiers engagements sont déjà significatifs. Ils impliquent ici de très jeunes gens (entre 17 et 18 ans), unis par leur camaraderie et leur proximité idéologique. Ils ne répondent pas à une planification méthodique mais simplement au désir de « faire quelque chose » et montrer leur refus de la situation, tout particulièrement alors que les autorités d’occupation ont interdit la célébration du 11 novembre. La réponse des autorités allemandes, quant à elle, annonce la stratégie qui sera utilisée tout au long de l’Occupation, avec une brutalité toujours croissante, à savoir la punition collective, en violation des Conventions de La Haye.
Le rapport de la gendarmerie de Flers sur le sabotage des câbles téléphoniques en novembre 1940_0.pdf
témoignage d'André Lebreton recueilli par Jean Vigile 41 J 80.pdf