L'exclusion d'Yves Quérouil du lycée d'Alençon
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Usage pédagogique
- Date du document : 24/03/1941
- Référence : 1677 W 2
- Auteur(s) : auteur inconnu
- Lieu(x) : Alençon
- Période(s) : De 1914 à nos jours
Présentation :
On a présenté dans le document précédent le tract qu’Yves Quérouil avait distribué au lycée d’Alençon et qui, malheureusement, avait été découvert par l’une de ses professeurs laquelle, plutôt que d’ignorer les faits, avait prévenu le censeur.
Le 23 mars, Yves Quérouil passe donc en conseil de discipline. Nous en présentons ici le procès-verbal. Il permet d’illustrer l’engagement de nombreux jeunes gens dès l’automne 1940 dans diverses actions qui, si elles ne constituent pas une résistance organisée, n’en révèlent pas moins un refus évident de la situation d’occupation et de collaboration. Pour certains, ce seront là les premiers pas vers une implication plus sérieuse (voir dans ce chapitre les documents relatifs à Raymond Ciroux et Jean Pilou).
Le proviseur commence en effet par rappeler que, en novembre 1940, de nombreuses « inscriptions tendancieuses » avaient été découvertes sur les tables du lycée. Jean Quérouil avait alors commis l’imprudence de signer l’une d’entre elles. On sait par ailleurs que cet automne 1940, dans l’Orne et dans toute le territoire français, on voit fleurir sur les murs des villes de nombreuses inscriptions et graffiti hostiles aux Allemands. Les autorités de Vichy réagissent alors et, le 30 novembre, l’inspecteur d’académie, A. Mollard, transmet aux établissement scolaires une note invitant les directions à sanctionner durement tout acte de ce genre (voir dans le chapitre « L’école sous surveillance » le document « La répression des contestations »).
D’après le proviseur, le calme revient pendant alors pendant quelques semaines (tout au moins au lycée) puis survient l’affaire des tracts d’Yves Quérouil. Pour faire un exemple et pour éviter tout soupçon de complaisance envers les actes incriminés, le conseil de discipline vote donc l’expulsion d’Yves Quérouil.
Mais l’affaire ne s’arrête pas là puisque, lors de son audition par le conseil, Yves Quérouil explique que le tract lui a été communiqué par sa mère, intendante à l’école normale. Celle-ci est donc convoquée par l’inspecteur d’Académie qui veut savoir où elle a trouvé les tracts. Mme Quérouil tarde à répondre puis se résout à écrire au préfet le 28 mars pour lui révéler que les tracts viennent de l’une de ses collègues et de la directrice de l’école normale. Elle a tout de même attendu que les intéressées se soient elles-mêmes dénoncées avant de donner leur nom (voir ci-dessus cette lettre au format pdf).
Cette histoire nous éclaire à la fois sur l’engagement de certains jeunes élèves, pas toujours très prudents d’ailleurs, et sur l’hostilité d’une partie du corps enseignant envers le régime.
La lettre de la mère d'Yves Quérouil au préfet 28-03-41 (1677W2).pdf
Le procès verbal du conseil de discipline de Quérouil 24-03-41 (1677W2).pdf