La guerre totale
Présentation :
Tous les départements sont en état de siège. La gendarmerie veille sur les usines d’armement et observe les fréquentations des permissionnaires. Malgré la « dépression des esprits » en 1917 , l’Orne apparaît comme un modèle de l’Union sacrée qui rassemble républicains et conservateurs, qui réintègre les catholiques à la gouvernance politique. Censurée par des commissions locales, la presse ne donne pas de mauvaises nouvelles. La guerre est présentée comme une défense de la civilisation, le combat du Droit et de la Liberté. Au travers des récits des prisonniers libérés, la presse montre un ennemi au bord de la famine.
Soigner les blessés, recevoir les réfugiés
L’Orne reçoit en septembre 1914 plus de 3 700 blessés répartis dans cinquante centres. Les hôpitaux civils sont mis à leur disposition et les grands hôtels de Bagnoles sont réquisitionnés. Pour les cas moins graves, la Croix-Rouge ouvre des « ambulances », parmi lesquelles le lycée d’Alençon et l’institution Sainte-Marie de Flers. La chocolaterie de Tinchebray est transformée en hôpital bénévole, mis sur pied par un particulier. En France, plus de 60 000 personnes sont considérées comme « indésirables », étrangers ou Français « suspects ». Plus de 6 000 d’entre elles sont envoyées au camp de triage de La Ferté-Macé où l’internement définitif est décidé ou rejeté.En 1918, l’ancien grand séminaire de Sées est le principal centre de convalescence, avec mécanothérapie. La Normandie accueille de nombreux Belges et plus de 4 000 sont présents dans l’Orne. Des Français sont hébergés. Ils arrivent des départements occupés ou de la zone des combats. Ils sont 11 000 en septembre 1918 et sont répartis entre toutes les communes, même rurales.
Travailler pour les soldats
En 1917, 35 sites industriels travaillent pour l’armée, souvent jour et nuit. Plus de 5 000 ouvriers, dont 1 300 à Rai-Aube, produisent des baraquements, des habits, des grenades, des obus, des moteurs d’avion.
La main-d’œuvre agricole manque. Des listes d’épouses méritantes sont dressées. Chevaux, charrettes, avoine, foin, sont réquisitionnés. Mais les produits se vendent à bon prix, l’alcool de cidre est acheté pour la fabrication d’explosifs. Le camembert fait partie de la ration du soldat.
En juin 1917, la vie chère est une des raisons de la grève de 15 jours par les gantières de Ceton. Il y a pénurie de nourriture et taxation. Pendant l’été 1918, les ouvriers fertois manifestent contre l’absence de pain.