Aller au contenu principal

Germaine (Lilli) Meyer

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : date inconnue
  • Référence : Archives privées d'Evelyne Kahn
  • Auteur(s) : auteur inconnu
  • Lieu(x) : Alençon , Auschwitz-Oswiecim (Pologne) , Drancy (Seine-Saint-Denis)
  • Période(s) : De 1914 à nos jours
  • Type(s) de document : Photographie

Présentation :

Germaine (Lilli) est la cadette de Julius et Ida Kahn. Elle est née le 19 août 1913 à Merzig, en Sarre, comme tous les enfants de la famille. Elle fait des études au conservatoire de Sarrebruck et devient professeur de piano. Quand la famille décide de quitter la Sarre, en 1935, après le référendum en faveur de l’annexion par le Reich, elle a alors 22 ans. Elle s’installe à Alençon avec ses parents au printemps 1936 (voir dans ce dossier le chapitre « Fuir l’Allemagne nazie/La France, espoir d’un refuge pour les juifs sarrois »). On ne sait pas quand fut prise la photographie présentée ici, issue des archives privées d’Evelyne Kahn, sa nièce.

Sa grande sœur Herta s’est installée quant à elle à Saverne (Haut-Rhin) avec son mari Siegmund Friedemann. Il a été embauché comme professeur de Kodesh (étude de la Torah) et sacrificateur rituel (Cho’het) par la communauté juive de la ville. Siegmund a aussi formé une chorale. Lilli rencontre ainsi Albert Meyer qui chante dans cette chorale. Ils se marient en 1938 ; c’est Siegmund qui officie. Le couple s’installe ensuite à Sarrebourg (Moselle).

Quand la guerre arrive, Albert est incorporé dans le 23e régiment d’infanterie, affecté à la défense de la Ligne Maginot. Lilli retourne alors chez ses parents à Alençon. En juin 1940, Albert est démobilisé et la rejoint. Tous deux vont travailler dans le magasin d’Alfred et Edgard, les deux frères de Lilli qui sont alors internés dans des camps de travail pour étrangers en zone Sud. Lilli donne aussi quelques leçons de piano.

En janvier 1941, c’est la première catastrophe : lors d’une discussion avec des soldats allemands, Alfred a l’imprudence de dire du mal de Hitler et du régime nazi. Dénoncé, il est arrêté le 16 janvier, condamné à 3 ans de détention pour « propagande anti-allemande » et transféré à la prison de Caen, puis à Villeneuve-Saint-Georges. Commence alors pour lui un terrible périple dans le système concentrationnaire nazi (voir le document dans ce chapitre).

Lilli reste donc à Alençon, rue des Granges, avec ses parents. Avec eux se trouvent aussi sa grande sœur Gustel et ses trois enfants, Rosa Kahn, la sœur d’Albert, et sa petite Béatrice, Herta, et ses trois enfants, ainsi que Liesel, la femme d’Egdard, et sa fille Berthie. Dès septembre 1940, les persécutions ont commencé à s’abattre sur la famille. Comme Lilli est française depuis son mariage, elle en est un peu préservée.

En février 41, Rosa, Liesel et leur fille sont les premières à gagner la zone sud, pour y retrouver leur époux et échapper, pour un temps, aux persécutions. Puis c’est au tour de Herta, avec les 3 garçons. Le 13 juillet 1942, Gustel et ses deux aînés (Berthold et Edith) sont arrêtés par les Allemands (voir dans ce dossier le chapitre « Rafles, déportation et extermination/Juillet 42, les premières déportations »). Lilli échappe à cette première rafle parce qu’elle est française.

Les semaines passent. Ceux qui sont en zone sud envoient des nouvelles et exhortent les Alençonnais à les rejoindre. En vain. A Alençon, Lilli reste donc avec Julius et Ida, ses parents, Rudolph, le petit dernier de Gustel, et Rebecca Bonnem, la mère de Marcel. Le 9 octobre, les Allemands reviennent rue des Granges et les arrêtent. Ils sont déportés à Drancy, puis à Auschwitz, dont ils ne reviendront pas.

Dans son courrier adressé au préfet pour l’informer de cette arrestation (voir dans ce dossier le chapitre « Rafles, déportation et extermination/Automne 42 »), le commissaire de police d’Alençon ne mentionne pas la présence de Lilli parmi les victimes de la rafle du 9 octobre. On ne s’explique pas bien cette absence puisque Lilli est internée à Drancy le 16 octobre d’après les registres du camp. Elle a donc bien été arrêtée aussi. En raison de sa nationalité française, elle a dû suivre un autre chemin administratif, qui expliquerait cette absence dans les documents de la préfecture de l’Orne.

A Drancy, elle est donc détenue avec les membres de sa famille. Le 6 novembre, ils sont déportés à Auschwitz mais en raison de sa nationalité Lilli bénéfice d’un sursis. Elle reste donc à Drancy jusqu’au 13 février 1943 puis elle est déportée à Auschwitz par le convoi n°48 (voir la liste des déportés en document complémentaire ; elle y figure sous le nom Peyer Meyer). A son arrivée au camp, le 15 février, elle est assassinée. Elle avait 29 ans.