Fernand et Madeleine Jouvencel, Justes à Perrou

Présentation :

Après la Libération, les autorités françaises entreprennent de recenser les Juifs qui ont réussi à échapper à la déportation. Le 5 octobre, le préfet de l’Orne adresse donc un courrier en ce sens aux maires du département.

Le maire de Perrou envoie en réponse le document présenté ici où l’on apprend qu’une quinzaine de personnes juives ont trouvé dans le village un refuge pour échapper aux persécutions de Vichy et des nazis.

C’est justement le maire, Fernand Jouvencel, et son épouse Madeleine, qui ont organisé ce sauvetage comme l’indique la notice de Yad Vashem que nous utilisons ici pour cette présentation. Né en 1904 dans le village, Fernand était garagiste ; en 1942, en dépit de ses sympathies pour l’anarchisme, il est nommé administrateur délégué à la fonction de maire par le préfet de l’Orne. Madeleine est institutrice et, à ce titre, exerce la fonction de secrétaire de mairie (comme alors de nombreux instituteurs et institutrices dans les petites communes rurales). Cette situation leur permet de réaliser des faux papiers sans trop de difficultés. Le maire peut aussi mobiliser son réseau de connaissances pour trouver des soutiens dans son entreprise de sauvetage.

C’est ainsi que, lorsque (pour des raisons que l’on ignore) Rywka Kwiatek et ses deux enfants, Alfred et Liliane, se réfugient à Perrou, le maire leur fournit des faux papiers au nom de Carreau. Les enfants sont baptisés et toute la famille est prise en charge par les sœurs de l'orphelinat franciscain de Notre-Dame-de-Pitié.

Fernand Jouvencel se charge ensuite d’aller chercher à Paris une amie de Rywka, Fanny Sapoznik et ses deux enfants, Danièle et Michel. Il leur fournit également des faux papiers au nom de Sapon et, comme les Kwiatek, les cache à l’orphelinat.

Le document mentionne aussi la présence à Perrou d’une Madame Bokor, de sa fille Agnès et de sa mère qui sont également signalées dans la notice de Yad Vashem. Fernand Jouvencel parle aussi d’“une autre femme avec un petit garçon” ; peut-être s’agit-il de Jacqueline Ravoire, cachée à Perrou selon Yad Vashem.

Lorsque les Allemands décident en 1943 de convertir une partie du couvent en hôpital de campagne, Fernand Jouvencel se charge de trouver de nouveaux abris pour ses protégés. Et il leur a ainsi permis d’échapper à la déportation.

Le 5 février 2001 le titre de Justes parmi les nations est décerné à Fernand et Madeleine Jouvencel.

Pour compléter ces informations, on peut se référer à la notice publiée sur le site de Yad Vashem.

Transcription :

Le 4 novembre 1944

Listes des Israélites cachés pendant l’occupation allemande et encore à Perrou actuellement.

Mme Kwiatek Riwka née à Siedlec (Pologne)
2 enfants    

Alfred “  à Paris
 Liliane “ à Paris
ancienne résidence 5 rue Mandar à Paris

Mme Sapoznik Fanny née à Radom (Pologne)

2 enfants    

Danielle né à Paris
Michel né à Paris
ancienne résidence  10 rue des Goncourt Paris

Ces deux femmes ont leur mari déporté en Allemagne

Mairie de Perrou

F. Jouvencel

voir au dos s.v.p.

Mme Bothor actuellement à Paris, sa fillette Agnès née à Paris 19e et sa mère actuellement à Paris à Perrou. ancienne résidence 60 rue de Picpus Paris
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Mme Guttmann et ses trois enfants actuellement rentrés à Paris, les enfants à Perrou. ancienne résidence quartier de Belleville
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Une autre femme avec un petit garçon, noms et adresse à Paris manquent.