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Mauves-sur-Huisne : le préfet s'oppose au rétablissement du crucifix à l'école

  • Date du document : 12/06/1942
  • Référence : 2 W 11
  • Auteur(s) : Georges Bernard
  • Lieu(x) : Mauves-sur-Huisne
  • Période(s) : De 1914 à nos jours

Présentation :

Ce document très court illustre la position ambiguë entretenue par Vichy sur les questions religieuses. C’est un courrier adressé par le préfet Georges Bernard (en poste du 3 novembre 40 au 30 janvier 44) au maire de la commune de Mauves-sur-Huisne, située dans l’Est du département. Daté du 12 juin 1942, le courrier réagit à la décision prise le 17 mai par le Conseil municipal de rétablir le crucifix dans les salles de classe de l’école publique. En cela, le Conseil a suivi un mouvement de grande ampleur commencé dès 1940, tout particulièrement dans les zones rurales où l’influence de l’Eglise est plus forte (voir l’introduction du chapitre).

En avril 41, le chef du gouvernement Darlan a tenté de s’opposer à ce mouvement et a interdit le rétablissement des emblèmes religieux dans les bâtiments publics, conformément à la loi de séparation de 1905. Cependant, il s’est heurté à l’opposition des conservateurs cléricaux, toujours influents à Vichy et dans l’opinion, et a dû adopter en juillet 41 une position de compromis : le rétablissement des emblèmes religieux sera autorisé à condition qu’il reçoive l’accord d’une majorité des habitants de la commune.

Dans ce courrier de juin 42, le préfet adopte une position plus ferme encore, sans doute à la demande du gouvernement : c’est l’unanimité du conseil qui est requise et non plus la simple majorité. Ainsi, la décision prise à Mauves-sur-Huisne est-elle annulée.

Mis en relation avec les autres documents du chapitre, ce courrier illustre les hésitations de Vichy sur le rôle que doit jouer l’Eglise dans la société et dans l’école. Ces hésitations reflètent les rivalités et les tensions entre les différentes sensibilités politiques qui animent le régime.