Les tensions entre le pouvoir central du GPRF et les Comités départementaux de Libération
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Usage pédagogique
- Date du document : 30/09/1944
- Référence : 1 W 54
- Auteur(s) : Adrien Tixier
- Période(s) : De 1914 à nos jours
Présentation :
En 1944 (mais parfois dès 1943 selon les territoires), les différentes forces de la Résistance éprouvent le besoin de se coordonner politiquement au niveau local, sur le modèle du Conseil National de la Résistance. Cette organisation locale informelle est officialisée par l’ordonnance du 21 avril 1944 qui institue dans chaque département un Comité Départemental de Libération (CDL) : « Il est composé d’un représentant de chaque organisation de résistance, organisation syndicale et parti politique affiliés directement au Conseil National de la Résistance et existant dans le département. » Sa mission est d’assister « le préfet en représentant auprès de lui tous les éléments de la résistance. Il est obligatoirement consulté sur tous les remplacements des membres des municipalités et du conseil général. Il cesse ses fonctions après la mise en place des conseils municipaux et des conseils généraux. »
Or, le document présenté ici montre que certains CDL ont parfois cherché à exercer une autorité concurrente à celle du préfet. Il s’agit d’un courrier du ministre de l’intérieur Adrien Tixier adressé au préfet Robert Lécuyer le 30 septembre 1944. Il l’informe que dans certaines régions françaises, notamment celles du Sud où la libération a été réalisée par les seules forces de la Résistance intérieure, les CDL ont tendance à se substituer aux autorités centrales (représentées par le préfet) en prenant des décisions administratives, économiques et même judiciaires. Le Ministre rappelle donc que le rôle des CDL doit rester consultatif et que le préfet doit affirmer son autorité. Pour le GPRF, l’enjeu est de taille : il ne peut tolérer le développement d’une légitimité concurrente, qui fragiliserait notamment sa position internationale.
En ce qui concerne l’Orne, il ne semble pas que le CDL ait constitué une quelconque menace envers l’autorité du préfet Lécuyer. Mais ce courrier permet de rappeler la persistance des tensions, voire parfois l’incompréhension, entre la Résistance Intérieure et la France Libre. La question de l’épuration notamment, souvent considérée comme trop lente ou trop clémente par les forces locales, est souvent au cœur de ces désaccords.
1W54 09-44 conflit préfets CDL.pdf