Les rationnements
-
Usage pédagogique
- Date du document : avril 1942
- Référence : 2 W 27
- Auteur(s) : Pierre Guichard
- Lieu(x) : Alençon
- Période(s) : De 1914 à nos jours
Présentation :
Cette lettre adressée en avril 1942 par le jeune écolier Pierre Guichard à Charles Chesneaux, maire d’Alençon de 1935 à 1947, et la réponse de ce dernier (ci-dessus en format pdf), permettent d’illustrer les difficultés de la vie quotidienne pendant les années noires (voir aussi dans ce chapitre le document sur « les pénuries alimentaires »)
Dès le printemps 1940, sur la base de l’expérience acquise pendant la Première Guerre mondiale, le gouvernement commence à organiser le rationnement. Les individus sont classés en différentes catégories en fonction de leurs besoins énergétiques et les premières cartes de rationnement sont distribuées à l’automne pour les produits alimentaires de base (pain, viande, pâtes, sucre). Chaque carte est composée de plusieurs coupons à découper, qui correspondent à une ration. Pour pouvoir acheter les produits souhaités, il faut fournir un coupon prélevé sur la carte. En février 1941, le rationnement est étendu aux produits textiles et aux vêtements.
Le rationnement cependant ne permet pas de garantir la satisfaction des besoins fondamentaux, d’autant plus que, à compter de juin 40, les conditions d’armistice imposées par les Allemands aggravent la situation : désormais une partie des productions françaises sont confisquées au profit du Reich. Ainsi, les rations alimentaires sont très insuffisantes ; on atteint à peine 1300 calories par jour en moyenne. Le rationnement ne permet pas non plus d’empêcher une inflation galopante. Enfin, cette situation entraîne le développement du marché noir.
Les enfants souffrent tout particulièrement ; en raison des carences, ils tombent plus souvent malade et la mortalité infantile progresse. Mais la pénurie ne touche pas que les aliments : tout manque, et l’école, elle aussi, subit la situation. Les crayons, les cahiers, les livres, l’encre font défaut, comme le charbon pour chauffer les salles de classe.
Le courrier de Pierre Guichard illustre cette situation. Comme tant d’autres Français, son père est prisonnier en Allemagne. L’heure de la première communion approche et ce n’est pas une petite affaire pour les familles de l’époque. Mais Pierre n’a pas les chaussures dignes de l’événement et, sans les coupons, impossible d’en acheter. Il s’adresse donc au maire, qui répond favorablement à sa demande. On peut s’interroger sur les dernières phrases de sa réponse : s’inscrivent-elles dans une forme de propagande vichyste plus ou moins consciente, exaltant les valeurs familiales ? Ou ne s’agit-il tout simplement que d’une formule tout à fait ordinaire de la part d’un ancien instituteur sensible à la situation de ce jeune écolier ? Quoi qu’il en soit, Charles Chesneaux ne sera jamais soupçonné de complaisance avec l’occupant.
La réponse de Charles Chesneaux à Pierre Guichard 20-04-42 (2W27).pdf