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Les maîtres ornais sous surveillance

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 07/11/1940
  • Référence : 2 W 11
  • Auteur(s) : Georges Bernard
  • Période(s) : De 1914 à nos jours

Présentation :

Selon Vichy, l’école républicaine a affaibli la France. Dès lors, pour que l’école devienne un lieu de restauration de la nation, il faut en déloger les « mauvais maîtres ». Georges Ripert, ministre de l’Instruction publique (Vichy a mis fin à la dénomination « Education nationale » en juillet) du 6 septembre au 13 décembre 1940 est explicite : son objectif est de « nettoyer l’enseignement primaire. »

En fait, la première vague de purge se déploie dès juillet 1940 et aboutit à la révocation d’un millier d’instituteurs trop ouvertement engagés dans des organisations politiques de gauche (voir le document précédent). Le 13 août 1940, le décret contre les « associations secrètes », visant la Franc-Maçonnerie, entraîne une nouvelle vague de révocations. Puis, le 3 octobre, le premier « statut » des Juifs entraîne leur révocation de la fonction publique donc de l’enseignement.

Le document présenté ici est un rapport du préfet Georges Bernard, tout juste nommé par Vichy, adressé au général de La Laurencie, « délégué général du gouvernement français auprès des autorités d’occupation » à Paris depuis août 1940. Il fait en quelque sorte fonction d’ambassadeur de Pétain auprès des Allemands. Le préfet Bernard répond à une requête adressée par le délégué général à tous les préfets de la zone occupée au sujet du personnel d’encadrement de l’éducation nationale (le document est disponible dans son intégralité au format pdf par le lien ci-dessus).

Le rapport se veut rassurant : selon le préfet, dans l’Orne, il n’y a pas de brebis galeuse, les inspecteurs primaires et l’inspecteur d’Académie feront preuve de loyauté et participeront à l’œuvre de « rénovation nationale ». Il écrit que seuls trois instituteurs sont sanctionnés pour « répondre aux besoins de l’ordre nouveau » (voir dans ce chapitre les documents sur ces affaires). Par ailleurs, le corps enseignant ornais est, selon le préfet, à l’image du département en matière politique, à savoir prudent et modéré. Le préfet souligne notamment le fait qu’il n’y a pas de fracture entre l’école publique et l’école privée et donc que la laïcité ne constitue pas un enjeu conflictuel dans l’Orne.

Quoi qu’il en soit, ce document illustre la volonté de contrôle, voire de vengeance, qui anime le gouvernement de Vichy à l’encontre du corps enseignant, soupçonné (non sans raison, comme on pourra le voir dans le chapitre sur la résistance à l’école) de rester attaché aux valeurs républicaines.

  • Le rapport du préfet sur le personnel enseignant en novembre 40 (2W11).pdf

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