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Le culte du chef (1) : l'affichage du portrait de Pétain dans les salles de classe

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 01/08/1941
  • Référence : 2 W 27
  • Auteur(s) : Mollard
  • Période(s) : De 1914 à nos jours

Présentation :

Le document présenté est une lettre de l’Inspecteur d’Académie, Mollard, adressée le 1er août 1941 au préfet de l’Orne, Georges Bernard (en fonction du 30 novembre 40 au 3 janvier 44). L’Inspecteur répond au préfet qui l’a sollicité après avoir été informé par les renseignements généraux que le portrait du maréchal Pétain n’était pas affiché dans l’école des filles de L’Aigle.

Ce document illustre donc l’un des aspects de la propagande mise en place par Vichy à l’école. A la place de Marianne qui trônait souvent dans les salles de classe, il faut désormais afficher le portrait de Pétain, imprimé à des dizaines de milliers d’exemplaires par le Ministère de l’information. Ce culte de la personnalité est entretenu aussi par la diffusion de matériel scolaire à l’effigie du maréchal : porte-plumes, protège-cahiers… De même, les maîtres sont censés faire écouter aux élèves les discours du maréchal. Ils doivent aussi leur faire chanter des chansons à la gloire de Pétain, comme la célèbre « Maréchal, nous voilà », composée en 1941 et devenue plus ou moins le nouvel hymne national. On encourage les enfants à écrire au maréchal. Le culte de la personnalité met en avant la figure protectrice du « sauveur de la France » mais aussi celle du père de la nation dont l’autorité doit s’imposer et c’est donc sous son regard que se déroulent désormais les cours.

Ainsi, alors que l’école de la IIIe République voulait former des républicains (et c’est bien ce que Vichy lui reproche), celle de la Révolution nationale s’efforce de faire des pétainistes. De nombreux enseignants cependant, ont cherché à contourner ces obligations ; certains par exemple affichaient le portrait derrière une porte ou dans un placard. A L’Aigle, à en croire l’Inspecteur, la directrice n’a pas cherché à contourner la règle ; l’absence du portrait vient seulement d’un retard de livraison.

Difficile de savoir si l’inspecteur est sincère ou s’il cherche à protéger son personnel ; quoi qu’il en soit, on voit bien que la question de l’affichage du portrait dans les classes est prise très au sérieux.