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La répression des contestations (automne 1940)

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 03/12/1940
  • Référence : 1677 W 1
  • Auteur(s) : Morin
  • Lieu(x) : Mortagne-au-Perche
  • Période(s) : De 1914 à nos jours

Présentation :

Ce document permet de mettre en évidence la répression qui s’abat sur la société française avec la mise en place du régime de Vichy et qui touche notamment les établissements scolaires. Il montre aussi qu’une partie de la jeunesse a très tôt exprimé son refus de la situation d’occupation.

Il s’agit d’un courrier adressé le 3 décembre 1940 par Mme Morin, la directrice du Cours complémentaire de Mortagne-au-Perche à son Inspecteur d’Académie (Mollard). Les Cours complémentaires, dispensés dans le cadre des écoles primaires supérieures, accueillent les élèves qui, après le certificat d’études primaires (obtenu entre 11 et 13 ans), poursuivent leur scolarité mais ne souhaitent ou ne peuvent pas aller au lycée (payant). On y trouve les enfants des classes moyennes ; il correspond à peu près à notre collège d’aujourd'hui.

Ce courrier de la directrice répond à une note envoyée par l’Inspecteur d’Académie à tous les établissements scolaires du département le 30 novembre au sujet des « actes répréhensibles » commis par certains élèves. En effet, dès la rentrée 1940, à travers toute la France, les jeunes gens multiplient les actes d’hostilité envers les forces d’occupation. Ce sont des graffiti (des « V »  pour victoire tracés sur les murs par exemple), des tracts, des dégradations diverses sur les véhicules allemands ou les locaux qu’ils occupent, parfois des insultes. Vichy et les Allemands veulent mettre fin à ces agissements au plus vite, d’autant plus que, depuis l’entrevue de Pétain et Hitler à Montoire le 24 octobre, la collaboration est devenue la ligne officielle du régime.

Vichy mobilise donc son administration et demande aux enseignants de mettre en garde leurs élèves. Conformément aux instructions de son Inspecteur d’Académie, la directrice du Cours Complémentaire de Mortagne a donc lu et commenté la note auprès de ses élèves, et affiché ses prescriptions dans l’école.

Dans le département de l’Orne, la mise en garde semble avoir été efficace, à en juger tout au moins par le silence des Archives dans les mois qui suivent. Ce document illustre  l’hostilité quasi immédiate d’une partie de la jeunesse contre l’Occupation ainsi que la volonté de Vichy de mettre au pas toute tentative de contestation.