La morale au programme
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Usage pédagogique
- Date du document : 17/11/1941
- Référence : T 797
- Lieu(x) : Alençon
- Période(s) : De 1914 à nos jours
Présentation :
Selon la propagande vichyste, la défaite face à l’Allemagne s’explique en grande partie par le triomphe de « l’esprit de jouissance » dénoncé par Pétain dans le discours du 20 juin 1940 où il justifie la demande d’armistice. Quelques semaines plus tard, dans l’exposé des motifs du projet de loi constitutionnelle du 10 juillet 1940, qui lui donnera les pleins pouvoirs, Pétain évoque encore « la perversion intellectuelle et morale » responsable selon lui de la défaite. Avec une bonne partie de la droite conservatrice, il considère que l’école a contribué à la diffusion de cet esprit. Pour réaliser le « redressement » de la France dans le cadre de la « révolution nationale », il faut donc que l’école modifie son enseignement pour transmettre les valeurs morales qu’elle aurait délaissées.
L’enseignement de la morale est donc placé au centre du projet éducatif de Vichy. En novembre 1940, les programmes du primaire rétablissent dans les programmes l’enseignement des « devoirs envers dieu ». Le document présenté ici montre que les lycées ne sont pas épargnés par cette obsession. Il s’agit du compte-rendu de l’assemblée générale du lycée d’Alençon tenue le 17 novembre 1941. Une fois par mois environ, ces réunions des principaux professeurs évoquaient les principales questions pédagogiques. On peut relever parmi les présents le nom de Daniel Desmeulles qui, à cette date, est déjà engagé dans la Résistance.
Lors de cette séance, le proviseur du lycée informe les professeurs de l’établissement d’une circulaire ministérielle portant sur l’action morale. L’assemblée générale décide que les professeurs principaux devront, pour se conformer à la circulaire, attribuer à chaque élève une note qui évaluera sa « valeur morale ». On se demande bien quels purent être les critères retenus par les professeurs pour fixer leur barème ! Quoi qu’il en soit, ce document montre que la surveillance de la société voulue par le régime commence dès le plus jeune âge.