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Gérard Mayerfeld, fuir et résister

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 1947
  • Référence : 254W20
  • Auteur(s) : auteur inconnu
  • Lieu(x) : Albi (Tarn) , Alençon , Mouzieys-Teulet (Tarn)
  • Période(s) : De 1914 à nos jours
  • Type(s) de document : Document iconographique / Photographie

Présentation :

On peut considérer que tous ceux qui ont pris les armes contre les nazis, qu’ils fussent résistants ou soldats réguliers, ont, à leur manière, contribué à résister à la déportation. Cependant, l’exemple de Gérard Mayerfeld présenté ici est particulier dans la mesure où la déportation et les persécutions antisémites ont sans doute joué un rôle déterminant dans son engagement dans la Résistance.

Né le 20 septembre 1926 à Marburg, Gérard (Horst) Mayerfeld quitte l’Allemagne en juin 1938 pour échapper aux persécutions antisémites du régime nazi. Il trouve refuge en France dans la famille de sa tante Rosa Kahn (née Moses), réfugiée à Alençon depuis 1936 (voir sur ce site le dossier “Les Kahn-Bonnem : une famille ornaise dans la Shoah”).  

Au printemps 1940, son oncle Alfred Kahn est incorporé dans une compagnie de prestataires (étrangers employés au service de l’armée française) et envoyé en zone Sud, à Albi (Tarn). Une fois libéré de ses obligations de prestataire, Alfred loue une maison à la campagne près d’Albi et travaille comme ouvrier agricole dans les fermes des environs. Il craint que les persécutions antisémites ne s’accentuent, particulièrement dans la zone occupée, et s’efforce de faire venir auprès de lui sa famille restée à Alençon. En février 1941, Rosa et leur fille Béatrice parviennent à le rejoindre ; Gérard les accompagne et s’installe avec eux à Mouzieys-Teulet (Tarn).

A partir de l’automne 1941, Gérard travaille comme ouvrier agricole dans les fermes autour du village. L’étau se resserre peu à peu autour de sa famille. En zone occupée, ceux qui n’ont pas fui sont arrêtés et transportés “vers une destination inconnue”. A partir de l’automne 43, son oncle Alfred, sa tante Rosa et sa cousine Béatrice doivent se cacher pour échapper aux arrestations. Sans doute Gérard a-t-il dû le faire aussi ; nous n’en savons rien.

Quoi qu’il en soit, le 6 juin 1944, Gérard, alors âgé de 18 ans n’accepte plus de supporter passivement cette situation. Il quitte Mouzieys-Teulet pour rejoindre les rangs des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Avait-il entendu l’annonce du Débarquement ? Nous ne connaissons pas ses motivations mais il y a fort à parier qu’il s’agit aussi de prendre sa revanche contre ceux qui le persécutent, lui et sa famille, depuis des années. Sans doute a-t-il espoir, en prenant les armes, de contribuer à mettre fin aux rafles et aux déportations. En août 1944, c’est donc avec l’armée française qu’il revient en Allemagne, opérateur radio au sein du 11e régiment de Génie. Il reste en Allemagne avec les troupes d’occupation française jusqu’à sa démobilisation le 1er mai 1946 comme en atteste le document téléchargeable ci-dessus.

En 1947, il rejoint Alfred, Rosa et Béatrice, les rares survivants de sa famille, revenus à Alençon. En septembre 1949, il est naturalisé français. Il vit en France jusqu’à son décès en 1990 à Bordeaux.

Gérard Mayerfeld résume en une vie les différentes formes de résistance à la déportation mises en œuvre par les Juifs persécutés par les nazis. Il choisit d’abord de fuir l’Allemagne, puis de se cacher dans la France de Vichy pour enfin s’engager dans la France Libre et combattre ses persécuteurs.