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Fontenay-les-Louvet : l'instituteur s'inquiète des atteintes à la laïcité

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 28/03/1943
  • Référence : 2 W 11
  • Auteur(s) : Mollard
  • Lieu(x) : Fontenay-les-Louvet
  • Période(s) : De 1914 à nos jours

Présentation :

Comme on l’a vu dans l’étude des documents précédents, la politique de Vichy en matière de questions religieuses et plus particulièrement de laïcité est pour le moins hésitante. C’est justement le propos de ce courrier adressé le 28 avril 1943 par l’Inspecteur d’Académie de l’Orne, Mollard, au préfet Georges Bernard. L’Inspecteur fait remonter au préfet par la voie hiérarchique une lettre de M. Thérou, l’instituteur de Fontenay-les-Louvets (au Nord-Ouest d’Alençon) qui s’inquiète du projet de rétablissement d’un crucifix dans la mairie et dans l’école de la commune (cette lettre est accessible en format pdf par le lien ci-dessus).

Soutenu par son inspecteur, l’instituteur, Thérou, écrit donc que la « présence d’un emblème religieux dans les classes » risque de blesser les consciences. De fait, c’est précisément pour cette raison que Vichy n’a pas tranché ce débat qui se pose depuis bientôt trois ans sur tout le territoire. Sans risque de surinterpréter, on peut d’ailleurs supposer que l’instituteur, même s’il pose la question, sait très bien que la décision dont il s’inquiète n’est pas légale. D’après son courrier, elle n’a pas été délibérée en conseil municipal ; or, on a vu par l’exemple de Mauves-sur-Huisne que certaines communes ont dû renoncer à rétablir les emblèmes religieux dans les bâtiments publics parce que le vote du conseil municipal n’était pas unanime. On imagine mal que l’instituteur n’en ait pas eu connaissance ; on l’imagine encore moins pour l’inspecteur d’Académie. On peut dès lors comprendre ces deux courriers comme une tentative pour empêcher cette opération contraire à la laïcité.

Quoi qu’il en soit, les arguments mobilisés résument les enjeux de la question du crucifix. Une partie de l’opinion publique et des cadres du régime cherche à revenir sur la laïcité mais se heurtent à d’autres acteurs, toujours attachés aux lois Ferry et à la séparation de 1905 et qui s’inquiètent de voir l’Eglise retrouver une influence dans l’école et la société. Comme Darlan dans sa circulaire d’avril 1941 présentée dans ce chapitre, l’inspecteur met en avant les risques d’atteinte à l’unité nationale. Comme le régime ne tranche pas, c’est justement ce qu’il se produit : la question du crucifix réveille les querelles religieuses.

  • La lettre de l'instituteur de Fontenay-les-Louvet 23-04-43 (2W11).pdf

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