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10 juin 1940 : le premier acte de résistance dans le département de l'Eure ?

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 21/04/1941
  • Référence : Arch. dép. Orne, 20 Fi 1161
  • Auteur(s) : Autorités allemandes d'occupation
  • Lieu(x) : Mézières-en-Vexin (Eure) , Notre-Dame-de-l'Isle (Eure)
  • Période(s) : De 1914 à nos jours
  • Type(s) de document : Affiche / Placard

Présentation :

Ce document, assez connu, tient une place un peu particulière dans notre dossier car il amène à s’interroger sur la chronologie « conventionnelle » de la résistance.

Le 10 juin 1940, c’est la Débâcle. Aimé Pantin, 29 ans, son père Benoni, 66 ans, et Cyrille Guerlédan, 19 ans, habitants de Notre-Dame-de-l’Isle, tirent sur les parachutistes allemands qui arrivent dans le Vexin et tuent un motocycliste. Ils sont arrêtés le 18 juin mais parviennent à s’échapper et regagnent leur village de Notre-Dame-de-l’Isle. Ils sont arrêtés de nouveau le 15 février 1941 et condamnés à mort comme « francs-tireurs » le 17 avril. Le 21 avril, ils sont transférés à Notre-Dame-de-l’Isle pour y être exécutés. (source : Dictionnaire des fusillés, Le Maîtron, en ligne).

L’historiographie envisage le plus souvent la résistance comme un processus qui se met en place après l’armistice, le 22 juin 1940. Or, ces événements se déroulent alors que les combats continuent entre la Wehrmacht et l’armée française. Peut-on considérer les actes d’Aimé et Benani Pantin et de Cyrille Guerlédan comme des actes de résistance ? Ils ne se sont sans doute pas posés la question et, au demeurant, il n’est pas sûr qu’elle soit pertinente. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’étaient pas des soldats réguliers. Pour des raisons inconnues, ils ont considéré que cela ne devait pas faire obstacle à la lutte contre un ennemi qui progressait inexorablement. Ils s’inscrivent ainsi dans une indifférenciation entre civils et militaires qui sera une caractéristique des luttes de partisans dans toute l’Europe occupée. D’ailleurs, c’est à ce titre qu’ils sont exécutés, comme francs-tireurs, par l’armée allemande, presque un an plus tard.

Il faut noter en effet que 8 mois passent avant que les Allemands ne les arrêtent à nouveau. Le contexte alors a changé et les autorités d’occupation cherchaient sans doute à faire un exemple alors que les premiers groupes de résistants commençaient à s’organiser.