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Un récit du bombardement de Vimoutiers le 14 juin 1944

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 25/06/1944
  • Référence : 41 J 123
  • Auteur(s) : Leviel
  • Lieu(x) : Vimoutiers
  • Période(s) : De 1914 à nos jours

Présentation :

Une dizaine de jours après les faits, ce courrier raconte le terrible bombardement qui a détruit une grande partie de la ville le 14 juin 1944. L’auteur, encore très choquée par la violence des événements, est alors réfugiée chez un parent d’élève puisque sa maison, comme elle le raconte, a été détruite par les bombardements.

Le document est disponible dans son intégralité en version pdf ci-dessus à droite ; la transcription se trouve ci-dessous.

Transcription :

Vimoutiers, le 25 juin 1944,

Chère Mademoiselle Marie,

Votre bonne lettre m’est parvenue samedi soir par l’intermédiaire d’un de nos vicaires, l’abbé Laillier. C’est en effet la presque totalité de notre Vimoutiers qui a été détruite par le bombardement du 14 juin. Il était 8 h moins 10 le matin quand cela s’est produit. J’étais à la messe, c’était le moment de la Communion. Il y a eu trois rafales de bombes lancées par 6 avions, soit près de 200 bombes. Vous dire l’effroi et l’ampleur de la catastrophe est impossible, les mots sont insuffisants à décrire l’impression de ceux qui ont vécu ces minutes là. Je suis sortie de l’Eglise après la 2e rafale, il n’y avait qu’une rue encore libre pour me permettre de rentrer chez nous. J’ai dû faire du plat ventre dans cette rue pendant la 3e rafale et à travers ruines et trous de bombes je suis parvenue à la maison. Elle était encore debout, mais portes, fenêtres, plafonds étaient arrachés, éventrés. Je n’ai plus retrouvé personne à la maison. Maman qui était encore couchée à la 1ere rafale, et a reçu sur elle des morceaux de plafond, a réussi à se lever, s’habiller sommairement, mais s’est trouvée murée dans sa chambre, aucune porte ne pouvait s’ouvrir. A la faveur de la 2e rafale, le panneau supérieur d’une des portes est tombé et à l’aide d’une chaise, elle est passée par ce trou, malgré ses 70 ans et a réussi à sortir de la maison. Elle a retrouvé sous les Promenades une cousine du Havre et son petit garçon qui étaient à la maison et mon adjointe et son mari qui revenaient pour lui porter secours. Tous ont été sauvés sans une égratignure et je remercie le Bon Dieu de cette grande grâce. Un papa d’élève voyant ma maison debout a entrepris de déménager et nous a offert l’hospitalité ainsi qu’à ma cousine et à son petit garçon. Nous sommes donc installés à la campagne à 4 km de Vimoutiers. Je vous remercie beaucoup de votre hospitalité, nous aurions été heureuses de l’accepter mais nous n’avons aucun moyen de nous rendre au Merlerault autrement qu’à pied et ce n’est plus de la force de Maman.

Nous sommes plutôt ébranlées par l’émotion du bombardement et le passage des avions nous affole et il en passe fréquemment. En passe-t-il beaucoup à Godisson ? Prions mutuellement pour que le Bon Dieu nous préserve du danger et nous donne bien vite la Paix.

Encore une fois merci, chère Mademoiselle, Maman et moi vous embrassons affectueusement ainsi que votre chère Maman

G. Leviel

  • Récit du bombardement de Vimoutiers 14 juin 44 - 41J123 .pdf

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