Résistance passive dans la gendarmerie
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Usage pédagogique
- Date du document : 03/04/1944
- Référence : 2 W 15
- Auteur(s) : Autorités allemandes d'occupation
- Lieu(x) : Alençon
- Période(s) : De 1914 à nos jours
Présentation :
Au cours de l’année 1943, alors que la défaite allemande apparaît de plus en plus probable, la crédibilité et l’autorité de Vichy s’affaiblissent peu à peu. Le document présenté ici montre que, dans les forces de l’ordre, la gendarmerie en l’occurrence, s’organise au printemps 1944 une forme de résistance passive bien loin du collaborationnisme forcené qui sévit alors à Vichy.
Issu du fonds de la préfecture, ce document est la traduction en français d’une lettre datée du 3 avril et adressée au chef d’escadron Gaubert, Commandant de la compagnie de Gendarmerie de l’Orne. Elle est signée par Hildebrand, chef de la gestapo (Geheime Staats Polizei, la police politique du Reich) d’Alençon depuis février 44. Hildebrand, qui se nomme en réalité Richard Reinhardt, se plaint de l’attitude de la gendarmerie ornaise. Il lui reproche de retenir des informations voire de laisser filer des individus suspects de « terrorisme », c'est-à-dire de Résistance. Pour finir, Hildebrand menace d’en référer à des autorités supérieures. Le document est disponible dans son intégralité en .pdf par le lien ci-dessus.
De fait, à partir de 1943, et plus encore de 1944, la gendarmerie française se montre de moins en moins portée à collaborer et ce phénomène s’observe sur tout le territoire. Elle est pourtant placée, tout comme la police, sous l’autorité directe de Vichy, et tenue de travailler avec les autorités d’occupation. Pour certains fonctionnaires, cette attitude de résistance passive relève sans doute de l’opportunisme. Pour d’autres cependant, elle répond à de véritables convictions qui s’étaient déjà traduites par un engagement dans la Résistance. Selon Thomas Pouty, auteur d’une notice sur le sujet (publiée dans le DVD, La Résistance dans l’Orne, AERI, 2005), sur les 313 gendarmes des brigades ornaises, « 51 ont appartenu à une organisation de Résistance ; engagement que neuf d’entre eux ont payé de leur vie. »
Cet engagement prend différentes formes, évoquées pour certaines par la lettre de Hildebrand. Ainsi, par exemple, les gendarmes minimisent les actions de Résistance réalisées dans leur secteur, échouent à arrêter des suspects, préviennent les Résistants des opérations allemandes de répression dont ils ont eu connaissance, assurent la protection des parachutages, dissimulent des preuves, etc.
Cette attitude des forces de l’ordre illustre la décomposition du régime de Vichy qui se trouve peu à peu privé des instruments de son autorité. De fait, à partir du printemps 1944, Vichy ne contrôle plus vraiment le territoire.
avril 44 résistance passive dans la gendarmerie 2W15.pdf