La Solution finale et l'Orne
Présentation :
La loi du 21 juillet 1940 autorise les dénaturalisations. Les statuts des 3 octobre 1940 et 2 juin 1941 excluent les Juifs de l’administration, de la magistrature, de l’armée, des professions culturelles, limitent leur accès aux universités ou aux professions libérales. La loi du 22 juillet 1941 permet leur expropriation. En janvier 1942, Hitler décide la « Solution finale de la question juive ». Plus de six millions de Juifs sont exterminés en Europe. Pour la France, plus de 75 000 disparaissent en raison de la déportation.
Les rafles de 1942 et de 1943
Avant-guerre, 162 Juifs sont répertoriés, dont 25 à Alençon, 16 à Argentan, moins d’une dizaine à Flers. 49 Juifs sont arrêtés dans l’Orne puis déportés : 2 en 1941, 15 en 1942, 30 en 1943, 2 en 1944. La plupart passent par le camp de Drancy près de Paris, avant d’être envoyés à Auschwitz. Seuls quatre survivent.
Deux rafles se produisent en 1942. La rafle des 14 et 15 juillet (six arrestations à Alençon) précède celle du Vélodrome d’Hiver à Paris. Vichy accomplit la tâche en croyant affirmer un minimum de souveraineté, propose de livrer les enfants sous condition de l’arrestation des seuls Juifs étrangers. Les 9 et 10 octobre, sept arrestations sont opérées à Alençon, La Chapelle-d’Andaine, Neauphe-sur-Dive. Les 22 et 23 octobre 1943, la Gestapo ordonne aux gendarmes de saisir tous les Juifs, étrangers et français, mais les autorités vichystes, mécontentes de l’absence de concertation, font libérer les 29 appréhendés. Elles savent qu’à Sées, le 18 octobre, une foule nombreuse a escorté à la gare, par soutien, madame Netter et sa belle-fille. Cependant, neuf personnes sous contrôle des Allemands sont déportées. Le 6 novembre, la famille Jacobowsky, de Sérigny, près de Bellême, est arrêtée. Elle meurt à Auschwitz.
Les Ornais protègent les Juifs
En décembre 1940, Étienne Milhaud, juge à Domfront, doit cesser ses fonctions en raison du statut des Juifs. Le 29 septembre 1943, son fils Jean est arrêté à Flers pour absence du port de l’étoile jaune : Drancy, la mort à Auschwitz… En octobre 1943, alors que les Allemands veulent « évacuer » tous les Juifs vers Paris, Jean Christiany, de Domfront, procure un asile à la famille Milhaud. Une cinquantaine de personnes, dans le seul Bocage, ont protégé enfants ou familles. 33 Ornais sont honorés du titre de « Juste ».
En juillet 1942, Jean Leguay, délégué de René Bousquet, secrétaire général de la police, participe à l’organisation des rafles, donne des instructions aux préfets de la zone occupée. En janvier 1944, il devient préfet de l’Orne et intensifie la répression contre les résistants.