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Août 1940 : la purge de l'éducation nationale

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : 16/08/1940
  • Référence : non coté
  • Auteur(s) : Emile Mireaux
  • Période(s) : De 1914 à nos jours

Présentation :

Le 10 juillet 1940, le Parlement vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Dans les semaines qui suivent, une purge de la fonction publique est engagée pour en chasser ceux que l’on soupçonne d’opposition au régime. Le document présenté ici montre que l’école est tout particulièrement visée par cette politique.

Il s’agit d’un courrier d’Emile Mireaux adressé aux recteurs le 16 août 1940. Après le vote du 10 juillet, Pétain et Laval organisent leur gouvernement ; le Ministère de l’Education nationale (ainsi nommé depuis 1932) reprend son ancienne dénomination de Ministère de l’Instruction publique et Emile Mireaux est nommé à sa tête. Il souscrit aux critiques que Pétain formulait déjà au cours des années 1930 contre la prétendue « influence pernicieuse » des enseignants que beaucoup, à Vichy et dans les milieux de la droite réactionnaire, considèrent comme partiellement responsables de la défaite. On leur reproche leur engagement pacifiste et, plus généralement, leur attachement à la République accusée d’être la cause du déclin de la France. Pour réaliser le « redressement national » voulu par Pétain, il faut commencer à l’école et en chasser les maîtres « indignes de continuer à donner l’instruction à la jeunesse de France ».

Dès le mois de juillet, une première vague de révocation frappe les enseignants notoirement engagés à gauche, notamment ceux qui appartenaient au parti communiste. Le 13 août, le décret contre les « associations secrètes », visant la Franc-Maçonnerie, entraîne une nouvelle vague de révocations. C’est dans la foulée de cette mesure que Mireaux adresse ce courrier aux recteurs. On prépare alors la rentrée et le ministre veut s’assurer que les maîtres seront bien fidèles au régime. Il demande donc à ses recteurs de vérifier que, dans leur académie, tous les enseignants suspects ont bien été identifiés. Il rappelle que les autorités académiques peuvent se « contenter » d’une mesure de déplacement pour ceux qui auraient fait amende honorable (voir les cas présentés dans ce dossier). En effet, cette volonté de purge se heurte à des contraintes de ressources humaines : le ministère n’a pas les moyens de chasser tous ceux que l’on soupçonne de tiédeur envers le régime, d’autant plus que de nombreux enseignants sont alors prisonniers en Allemagne.

Le 6 septembre 1940, Emile Mireaux doit démissionner ; il sera remplacé par Georges Ripert qui poursuivra la même politique en annonçant publiquement son intention de « nettoyer l’enseignement primaire ». C’est aussi Ripert qui mettra en œuvre le premier statut des juifs dans le système scolaire en ordonnant la révocation des enseignants juifs.

On voit ainsi que, dès les premiers mois du régime, l’école est la cible d’une répression qui va se révéler tenace. Pendant toute la durée du régime, comme on le verra à travers les documents suivants, elle sera soumise à une étroite surveillance.