Le travail des enfants à L'Aigle en 1855
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Usage pédagogique
- Date du document : 1855
- Référence : M 2394
- Auteur(s) : auteur inconnu
- Lieu(x) : L'Aigle
- Période(s) : De 1815 à 1914
Présentation :
La loi de 1841 évoquée en introduction constitue la première règlementation du travail depuis la loi Le Chapelier qui interdisait les corporations en 1791. Elle interdit le travail des enfants de moins de 8 ans, limite à 8 heures par jour celui des 8-12 ans et à 12 heures celui des 12-16 ans. Des commissions d’inspection, composée de notables locaux, bénévoles, sont créées pour veiller à sa bonne application.
Le document présente le résultat de l’enquête annuelle réalisée en 1855 par la commission présidée par le maire de L’Aigle et transmise à la Préfecture. Il fait l’état des lieux du travail des enfants dans l’arrondissement de L’Aigle, conformément aux prescriptions de la loi de 1841.
Comme on peut le voir, la part des enfants parmi les employés n’est pas négligeable, entre 11 à 33 % des effectifs. D’après le rapport de la Commission, toutes les entreprises visitées respectent scrupuleusement la loi sur l’âge minimum et le temps de travail des enfants. C’était peut-être effectivement le cas mais il ne faut pas exclure l’hypothèse que la commission ait pu fermer les yeux sur d’éventuelles infractions. En effet, la loi de 1841 fut très peu efficace : les membres des commissions et les chefs d’entreprise appartenaient souvent au même monde, partageaient les mêmes intérêts et les mêmes conceptions libérales. Les sanctions envers les contrevenants étaient très rares.
De même, on peut avoir quelques doutes sur l’exactitude des renseignements portant sur la maîtrise de l’écrit. A en croire la commission, le taux d’alphabétisation des enfants de 8 à 16 ans à L’Aigle serait de presque 93 % en 1855 ; il est certain que nous sommes dans une période où l’alphabétisation progresse rapidement mais ces chiffres paraissent bien élevés. De même, on peut s’étonner du taux de record de vaccination (contre la variole). Ces chiffres flatteurs tendent peut-être à montrer que le travail des enfants ne constituait pas un obstacle ni à leur instruction ni à leur santé.
Ce document doit donc être considéré avec quelques précautions mais il n’en reste pas moins qu’il permet d’illustrer la part non négligeable de la main d’œuvre infantile dans l’industrie en ce milieu du XIXe siècle.