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La tréfilerie des établissements Bohin à Saint-Sulpice-sur-Risle

  • Usage pédagogique Usage pédagogique
  • Date du document : premier quart du XXe siècle
  • Référence : 2 FiCP 456/22
  • Auteur(s) : Eugène Pasquis
  • Lieu(x) : Saint-Sulpice-sur-Risle
  • Période(s) : De 1914 à nos jours
  • Type(s) de document : Carte postale / Photographie

Présentation :

Issue du fonds Eugène Pasquis, cette photographie montre le bâtiment de la tréfilerie des établissements Bohin à L'Aigle.

Le tréfilage consiste à étirer un fil de métal pour l'affiner ; c'est une étape indispensable de la fabrication des épingles qui va devenir la spécialité des entreprises Bohin. On remarquera la hauteur des étages nécessaire au déploiement des câbles, poulies et courroies qui transmettent aux machines le mouvement créé par la machine. Les grandes ouvertures laissent entrer abondamment la lumière naturelle.

Pour la présentation générale des établissements Bohin, nous reproduisons ci-dessous la synthèse réalisée en 2003 par Gérard Millon, professeur relais aux Archives départementales de l’Orne dans L’Orne et les Ornais de 1880 à 1914, une presque belle époque ? :

« La fabrique Bohin est un bel exemple de dynamisme de petites ou moyennes entreprises locales qui n’ont pas été écrasées par les Révolutions industrielles et qui ont réussi à se développer grâce au talent et au dynamisme d’un patron à la recherche de productions de qualité, dans des secteurs particuliers et rares, indispensables, et relativement hors d’atteinte de la concurrence.

« Benjamin Bohin naît en 1822 à L’Aigle et apprend le travail du bois auprès de son père menuisier. Déterminé à prendre en main sa destinée, il s’enfuit à 23 ans et veut s’embarquer pour l’Amérique. Aux amis de son père venus le chercher au Havre deux ans plus tard, il répond qu’il en rentrera qu’à condition de commander et payer lui-même son père.

L’atelier artisanal se transforme en atelier de production en série de petites boîtes de toutes espèces. Leur prix de revient baisse de 50 % entre 1839 et 1844. L’entreprise va utiliser le métal pour de nouvelles productions : boîtes et tabatières. En 1853, Benjamin Bohin acquiert un terrain à L’Aigle pour construire d’autres ateliers (1856-1865) : étuis à lunettes, métalliques, lampes, poivrières, gobelets, jouets en fer blanc et en bois... Les dépôts de brevets se succèdent.

En 1866, il achète à Saint-Sulpice-sur-Rille une usine susceptible de s'adapter aux nouvelles techniques de production. Il veut se faire une place dans l'industrie de l'aiguille à coudre, dominée par les Anglais et les Allemands. Son fils Paul prend sa suite en 1873, à la tête de plusieurs usines. En 1889, les deux hommes sont les seuls représentants en France de cette spécialité ; ils ont déposé maints brevets : épingles, agrafes, œillets... » (texte extrait de Les Ornais célèbres, Chambre de Commerce et d’industrie d’Alençon, 1920, pp. 16-17 ; document côté 4°537 aux Archives départementales de l’Orne).

Les informations présentées dans l’extrait suivant ont été rédigées après la Première Guerre mondiale mais restent dans leur grande majorité valables pour les deux décennies qui précédent la guerre.

" La fabrique d'aiguilles et d'épingles la plus importante de France a son siège à Saint-Sulpice-sur-Rille. Elle a été fondée en 1872, par M. B. Bohin, associé depuis 1904 avec ses deux fils, sous la raison sociale Benjamin Bohin Fils et comprend 5 usines à Saint-Sulpice, et une usine à Trisay (Eure). La force motrice, fournie par divers moteurs ou chutes d’eau, est de 450 chevaux. Le personnel comprend 500 ouvriers, au lieu de 600 avant la guerre. Cette main-d'œuvre, recrutée sur place, se compose surtout de spécialistes. L'apprentissage se fait à l'atelier. 
Les salaires sont passés depuis la guerre de 5 à 10 francs pour les hommes et de 3 à 6 francs pour les femmes. L’outillage de l'aiguille ne se trouve pas en France. Toutes les machines ont été construites à l'usine, et c’est le plus grand nombre, ou proviennent de l'étranger.

Le tonnage annuel de produits fabriqués sortant des usines de M. Bohin est de 950 à 1 000 tonnes de métal, ce qui est considérable quand on songe aux nombreuses manipulations qu’exige la fabrication de ces articles. Cela représente environ un million d’aiguilles et sept millions d'épingles par jour, sans compter les dés à coudre, aiguilles à tricoter, pointes à clous, etc." (texte extrait de L’Orne : étude économique : enquête du sous-comité d’action économique départemental sous la présidence de M. Desmars, Préfet de l’Orne, Imprimerie Alençonnaise, Alençon, 1919, pp. 200-202 ; document côté RES 3282 aux Archives départementales de l’Orne).