La Résistance élimine un collaborationniste : Emile Lechat, cadre du PPF
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Usage pédagogique
- Date du document : 24/01/1944
- Référence : 2W15
- Auteur(s) : Préfecture de l'Orne
- Lieu(x) : Alençon , Argentan , Vimoutiers
- Période(s) : De 1914 à nos jours
Présentation :
Responsable du Parti Populaire Français (PPF) et de la Légion des Volontaires Français (LVF), Emile Lechat était un collaborationniste, c’est-à-dire un homme résolument engagé par conviction dans la collaboration avec l’Allemagne nazie. Le 22 janvier 1944, il est assassiné à Vimoutiers par des résistants.
Le courrier présenté ici est adressé par le préfet de l’Orne, Georges Bernard, à Jean-Pierre Ingrand, le représentant à Paris du ministre de l’Intérieur de Vichy pour l’informer de la mort de Lechat. Cet événement en effet, intéresse particulièrement les autorités françaises puisqu’il concerne l’un de leurs serviteurs « indirects ». Le courrier ne mentionne ni les auteurs ni les motifs de cette exécution mais personne ne doutait alors qu’elle était l’œuvre de la Résistance. De fait, ce sont deux Francs Tireurs et Partisans d’Argentan (« Claude » et « Nimbus ») qui ont mené l’opération ; le gendarme Pierre Annic, membre du groupe OCM de Vimoutiers, dépêché sur les lieux pour l’enquête, parvient à subtiliser la douille de la cartouche utilisée.
On est alors dans un contexte de fascisation et de décomposition du régime de Vichy, qui est passé entre les mains des collaborationnistes. Ainsi, on trouvera bientôt au gouvernement Marcel Déat, l’un des fondateurs, avec Jacques Doriot de la LVF, dont Lechat était le délégué départemental pour l’Eure. Créée en juillet 41, quelques semaines après le début de l’invasion de l’URSS, la LVF recrute des volontaires pour se battre aux côtés de l’Allemagne contre les Soviétiques. Lechat est également le responsable (secrétaire fédéral) du PPF pour le département de l’Orne. Ce parti, créé en 1936 par Jacques Doriot, est particulièrement actif dans la lutte contre les résistants. Dans l’Orne, le PPF a compté au total 245 personnes pendant toute la période de la guerre. Il mène des opérations de propagande et travaille étroitement avec la Milice et les auxiliaires ornais de la Gestapo, dirigés par Bernard Jardin, lui-même membre du parti (voir dans ce dossier le chapitre « Une répression féroce »).
A partir de cet hiver 1943/44, Vichy, les miliciens et les Allemands accentuent la répression et traquent les résistants, multipliant les arrestations, les exactions et les exécutions sommaires. La Résistance réplique par l’élimination des personnalités collaborationnistes, comme Emile Lechat, ou Gabriel Morineau en juillet (voir le document présenté dans ce dossier). On entre dès le début de l’année 1944 dans une période de grande violence qui va durer jusqu’à la Libération, à tel point qu’un rapport du Comité Français de Libération Nationale, cité par Julian Jackson (La France sous l’Occupation, 2004, p. 624) évoque une ambiance de « pré-guerre civile ». On peut aussi voir dans l’exécution de Lechat l’un des tout premiers actes de l’épuration extra-judiciaire dans le département de l’Orne.