Les rescapés
- Période(s) : De 1914 à nos jours
Aucun des membres de la famille Bonnem/Kahn arrêté n’est revenu de déportation mais certains, cachés en zone sud, ont pu échapper aux rafles des Allemands ou de Vichy.
C’est ainsi le cas de l’épouse d’Edgard Kahn, Théa Liesel, restée seule à Lavelanet, enceinte, après l’arrestation de son mari en février 1943. Les religieuses de l’hôpital où elle accouche quelques jours plus tard la cacheront avec ses filles, Berthie et Evelyne jusqu’à la fin de la guerre.
C’est aussi le cas de la branche Friedemann de la famille. En août 1927, Herta Kahn, 3e enfant de Julius et Ida Kahn, épouse Siegmund Friedemann, qui vient tout juste d’être embauché comme professeur de Kodesh et sacrificateur par la communauté juive de Merzig. Trois enfants naissent de leur union : Charles en 1929, Herbert en 1931 et Joë en 1937. En 1935, comme les autres membres de la famille, ils quittent la Sarre. Siegmund est employé par la communauté juive de Saverne (Alsace). Quand la guerre arrive, il s’engage dans la Légion Etrangère tandis que Herta et les garçons se réfugient à Alençon. Après l’armistice, Siegmund est démobilisé et s’installe à Lyon en zone non occupée. En avril 41, Herta et les garçons font une première tentative pour traverser la ligne de démarcation et le rejoindre. C’est un échec. En novembre, la 2e tentative réussit, non sans difficulté, et toute la famille se trouve réunie dans la banlieue de Lyon (Saint-Didier-au-Mont-d’or). Quand la Wehrmacht occupe toute la France, les Friedemann se réfugient dans les Alpes (à Flumet, dans le Val d’Arly, non loin de Megève). Avec beaucoup de chance et de prudence, et aussi avec l’aide de certains villageois, ils parviennent à échapper aux rafles jusqu’à la libération.
Cependant, nous n’avons aucun document aux Archives départementales pour évoquer le parcours de Liesel ou des Friedemann. C’est pourquoi nous avons choisi de centrer ce chapitre sur Rosa et Alfred Kahn qui sont pour nous mieux documentés.
Alfred et Rosa sont les deux premiers membres de la famille Kahn à s’installer à Alençon après avoir quitté la Sarre (voir dans ce dossier le chapitre "Fuir l’Allemagne nazie"). Alfred le raconte lui-même dans un entretien à Ouest-France de janvier 1980 : réfugié à Neufchâteau dans les Vosges, il lit dans un journal spécialisé qu’un fonds de commerce de chiffonnier-brocanteur est à reprendre à Alençon. Rosa et lui arrivent en octobre 1935 ; ils achètent le commerce, rue du Boulevard (quartier de Montsort) et une maison juste à côté. Le 27 septembre 1936 naît leur fille Béatrice.
Comme on l’a déjà raconté, les parents d’Alfred, Julius et Ida, les rejoignent au printemps 1936 avec leur fille cadette, Lilli (Germaine). Ils s’installent rue des Granges. Le reste de la famille arrive de Palestine en 1937, puis de l’Est de la France après la déclaration de guerre en septembre 39.
Alfred rapporte qu’il a voulu s’engager en 1939 pour combattre l’Allemagne nazie mais cela lui fut refusé en raison de son origine sarroise. Au printemps 1940, il est finalement incorporé dans une compagnie de prestataires (étrangers employés au service de l’armée française) et envoyé en zone Sud, à Albi (Tarn). Il est accompagné de son frère Edgard et de son beau-frère Marcel Bonnem.
Libéré de ses obligations de prestataire, il loue une maison à la campagne près d’Albi et travaille comme ouvrier agricole dans les fermes des environs. Il pressent que les persécutions antisémites vont s’accentuer, particulièrement dans la zone occupée, et s’efforce de faire venir sa famille auprès de lui. Au cours de l’automne 1940, son commerce à Alençon est « aryanisé ». En février 1941, Rosa et Béatrice parviennent à le rejoindre, accompagnées de Gérard, un neveu de Rosa. Alfred continue de travailler dans les fermes autour du village de Mouzieys-Teulet.
Les premières grandes rafles en zone occupée ont lieu en juillet 1942 (voir le chapitre "Rafles, déportation et extermination") et en novembre la zone « libre » est occupée par la Wehrmacht. Les Kahn se font de plus en plus prudents. En février 43, l’instituteur du village, qui est aussi secrétaire de mairie, leur fabrique de fausses cartes d’identité, aux noms d’Albert et Hermine Perrin. La petite Béatrice obtient aussi de faux papiers. M. Gasser, agriculteur à la ferme de la Bélaudié, à Mouzieys-Teulet, leur a promis son aide. Mais cela ne suffit pas à les mettre complètement à l’abri.
A l’automne 43, un gendarme vient les prévenir que leur arrestation est imminente. Ils se cachent alors chez des amis des Gasser dans une maison à Albi pendant trois mois. Béatrice est restée à La Bélaudié. En décembre, ils retournent à la ferme et restent cachés dans une cabane jusqu’à la libération d’Albi, le 18 août.
En 2001, Charles Gasser, son fils Jean, et Maria, l’épouse de Jean, sont reconnus comme « Justes parmi les nations » par le Mémorial de Yad Vashem.
C’est ainsi le cas de l’épouse d’Edgard Kahn, Théa Liesel, restée seule à Lavelanet, enceinte, après l’arrestation de son mari en février 1943. Les religieuses de l’hôpital où elle accouche quelques jours plus tard la cacheront avec ses filles, Berthie et Evelyne jusqu’à la fin de la guerre.
C’est aussi le cas de la branche Friedemann de la famille. En août 1927, Herta Kahn, 3e enfant de Julius et Ida Kahn, épouse Siegmund Friedemann, qui vient tout juste d’être embauché comme professeur de Kodesh et sacrificateur par la communauté juive de Merzig. Trois enfants naissent de leur union : Charles en 1929, Herbert en 1931 et Joë en 1937. En 1935, comme les autres membres de la famille, ils quittent la Sarre. Siegmund est employé par la communauté juive de Saverne (Alsace). Quand la guerre arrive, il s’engage dans la Légion Etrangère tandis que Herta et les garçons se réfugient à Alençon. Après l’armistice, Siegmund est démobilisé et s’installe à Lyon en zone non occupée. En avril 41, Herta et les garçons font une première tentative pour traverser la ligne de démarcation et le rejoindre. C’est un échec. En novembre, la 2e tentative réussit, non sans difficulté, et toute la famille se trouve réunie dans la banlieue de Lyon (Saint-Didier-au-Mont-d’or). Quand la Wehrmacht occupe toute la France, les Friedemann se réfugient dans les Alpes (à Flumet, dans le Val d’Arly, non loin de Megève). Avec beaucoup de chance et de prudence, et aussi avec l’aide de certains villageois, ils parviennent à échapper aux rafles jusqu’à la libération.
Cependant, nous n’avons aucun document aux Archives départementales pour évoquer le parcours de Liesel ou des Friedemann. C’est pourquoi nous avons choisi de centrer ce chapitre sur Rosa et Alfred Kahn qui sont pour nous mieux documentés.
Alfred et Rosa sont les deux premiers membres de la famille Kahn à s’installer à Alençon après avoir quitté la Sarre (voir dans ce dossier le chapitre "Fuir l’Allemagne nazie"). Alfred le raconte lui-même dans un entretien à Ouest-France de janvier 1980 : réfugié à Neufchâteau dans les Vosges, il lit dans un journal spécialisé qu’un fonds de commerce de chiffonnier-brocanteur est à reprendre à Alençon. Rosa et lui arrivent en octobre 1935 ; ils achètent le commerce, rue du Boulevard (quartier de Montsort) et une maison juste à côté. Le 27 septembre 1936 naît leur fille Béatrice.
Comme on l’a déjà raconté, les parents d’Alfred, Julius et Ida, les rejoignent au printemps 1936 avec leur fille cadette, Lilli (Germaine). Ils s’installent rue des Granges. Le reste de la famille arrive de Palestine en 1937, puis de l’Est de la France après la déclaration de guerre en septembre 39.
Alfred rapporte qu’il a voulu s’engager en 1939 pour combattre l’Allemagne nazie mais cela lui fut refusé en raison de son origine sarroise. Au printemps 1940, il est finalement incorporé dans une compagnie de prestataires (étrangers employés au service de l’armée française) et envoyé en zone Sud, à Albi (Tarn). Il est accompagné de son frère Edgard et de son beau-frère Marcel Bonnem.
Libéré de ses obligations de prestataire, il loue une maison à la campagne près d’Albi et travaille comme ouvrier agricole dans les fermes des environs. Il pressent que les persécutions antisémites vont s’accentuer, particulièrement dans la zone occupée, et s’efforce de faire venir sa famille auprès de lui. Au cours de l’automne 1940, son commerce à Alençon est « aryanisé ». En février 1941, Rosa et Béatrice parviennent à le rejoindre, accompagnées de Gérard, un neveu de Rosa. Alfred continue de travailler dans les fermes autour du village de Mouzieys-Teulet.
Les premières grandes rafles en zone occupée ont lieu en juillet 1942 (voir le chapitre "Rafles, déportation et extermination") et en novembre la zone « libre » est occupée par la Wehrmacht. Les Kahn se font de plus en plus prudents. En février 43, l’instituteur du village, qui est aussi secrétaire de mairie, leur fabrique de fausses cartes d’identité, aux noms d’Albert et Hermine Perrin. La petite Béatrice obtient aussi de faux papiers. M. Gasser, agriculteur à la ferme de la Bélaudié, à Mouzieys-Teulet, leur a promis son aide. Mais cela ne suffit pas à les mettre complètement à l’abri.
A l’automne 43, un gendarme vient les prévenir que leur arrestation est imminente. Ils se cachent alors chez des amis des Gasser dans une maison à Albi pendant trois mois. Béatrice est restée à La Bélaudié. En décembre, ils retournent à la ferme et restent cachés dans une cabane jusqu’à la libération d’Albi, le 18 août.
En 2001, Charles Gasser, son fils Jean, et Maria, l’épouse de Jean, sont reconnus comme « Justes parmi les nations » par le Mémorial de Yad Vashem.