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À la veille de la Révolution, une agitation précoce

  • Période(s) : Révolution et Empire (1789-1815)
L’administration royale est en principe centralisée. Au XVIIIe siècle, elle essaie d’accompagner nombre de transformations économiques souhaitées par les philosophes des Lumières. Mais les difficultés dans les campagnes sont amplifiées par une augmentation de population. La France passe de 20 à 26 millions d’habitants. Le traité de commerce de 1786 avec l’Angleterre renforce la crise de l’industrie textile. Comment trouver de l’argent pour rembourser la dette, financer la Cour, pourvoir aux dépenses militaires et diplomatiques ? Face à ces crises, l’absolutisme semble impuissant.

Les progrès renforcent les contrastes

Grands intendants, Lallemant de Levignen (1726-1766) et Jullien (1766- 1790) ouvrent les villes. À Alençon, Sées, Mortagne, les portes sont démolies, les travaux de salubrité engagés. Des cours, promenades arborées, sont aménagés à Alençon et à Argentan. Les accès pour Alençon sont modifiés et un nouveau pont enjambe la Sarthe.

L’agriculture connaît des progrès, surtout dans les plaines et leurs abords. Membre de la Société royale d’agriculture fondée en 1762, le curé Colombet, de Saint-Denis-sur-Sarthon, près d’Alençon, encourage ses paroissiens, crée un concours annuel pour les plus belles récoltes, avec remise de prix, dont le paiement partiel des impôts. Mais dans le Bocage, région de sarrasin et de pain noir, la moitié de la terre est toujours en jachère.

Le territoire manque encore d’unité. Dans la région d’Alençon, pays de grande gabelle, le prix du sel est quatre fois plus élevé que dans celle de Domfront, pays de quart-bouillon.

La « réaction seigneuriale » et la faim de la terre

Des seigneurs accaparent des biens communaux, restreignent les droits de chaume et de vaine pâture. Ainsi agissent les seigneurs de Ségrie-Fontaine, de la Motte-Fouquet, le marquis de Vrigny. Vers 1750, le marquis de Rânes reçoit le titre de «  diable de La Coulonche ».

En 1789, la population de la généralité dépasse les 400 000 habitants dont 20 % sont à secourir. La mendicité s’aggrave. Clergé, noblesse et bourgeoisie urbaine possèdent une bonne partie de la terre. Nombre de paysans ont des exploitations trop petites.

La disette et les révoltes frumentaires

En 1788 les mauvaises récoltes entraînent un sous-emploi des journaliers pour la moisson, se doublent d’une crise de l’artisanat rural, habituel appoint. Autour des forêts, l’agitation est précoce et les gardes-chasse sont attaqués. La disette menace. Dans le Passais, le sarrasin est cinq fois plus cher qu’en 1786. Des fermes sont pillées autour de Bellême, des magasins de blé le sont à Alençon et la production locale ne permet de tenir que trois mois.